Le salaire du Mammuth

Il n’est pas sûr que le titre ait servi comme il aurait fallu le film Mammuth. Car le mot fait allusion à une moto légendaire et non à l’acteur Depardieu dont le ventre lui déborde sur les hanches comme un chapiteau qui s’affaisse. Ceux qui faisaient déjà un rejet sur l’acteur auront pu être découragés. Le film qui vient de sortir en DVD est l’occasion de saisir une session de rattrapage car le film en vaut la peine.

Parce que Serge Pilardosse est obligé de se mettre en quête de ses tous premiers de bulletins de paie afin de toucher sa retraite, le voilà qui enfourche sa vieille moto pour partir faire la tournée d’ex-employeurs improbables.

 Dès que Pilardosse prend la route le film prend la forme d’une ode à la liberté. Le voilà qui respire à nouveau (le spectateur aussi) alors que les premières heures de la retraite menaçaient de l’étouffer. Accompagné par une musique épatante, Serge file à petite allure vers son passé. L’image est syncopée, l’éclairage sature et on se retrouve embarqué dans l’aventure, à califourchon sur la Mammuth.

Quand le film ne suit pas Pilardosse, il visite sa femme restée à la maison, interprétée par la formidable Yolande Moreau. La scène où elle se bat au téléphone avec un automate qui lui demande d’articuler ses choix tout en lui opposant des « veuillez répéter, je n’ai pas compris votre réponse » mettra tout le monde d’accord sur le fait que ces robots sont le signe d’une évolution consternante de notre société. Le robot que l’on vous envoie est une preuve flagrante du mépris dans lequel on vous tient. Le contraire serait dur à prouver.

Ce film ne suit aucun code et on s’en réjouit. Certaines scènes sont carrément transgressives et on s’en félicite. Les acteurs secondaires comme Poelvoorde sont, sans surprise, excellents. De même que chaque inconnu de troisième ou quatrième rang  comme le vendeur de jambons, le videur de boîte de nuit, tous les personnages contribuent à rendre l’ensemble aussi homogène qu’agréablement surprenant.

Alors pour les personnes concernées, il faut faire l’effort de surmonter ses réticences à l’égard de Depardieu. Il y est très bon. Qu’il dise ici et là des choses qui font polémique dans les médias, d’accord. Mais s’il fallait commencer à trier les acteurs en fonction de leur tenue orale, on finirait par regarder en boucle les Bisounours.

 Un film réalisé par Gustave Kervern et Benoît Delépine sorti le 21 avril 2010.

La bande annonce sur Allociné

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