Julien Fournié prédit le « porté nonchalant »

Après les hommes, les femmes. Les défilés féminins automne-hiver 2011/2012 viennent de débuter. Julien Fournié,  fondateur de la société qui porte son nom et tout juste entrée dans le calendrier officiel de la haute couture la saison dernière,  fera défiler ses mannequins demain 5 juillet, sous le Pont Alexandre III. Chronologiquement, son défilé se situe entre le show de Dior et celui de Valentino.  Petit nouveau dans la cour des grands, le jeune créateur assure ne ressentir aucun stress et s’en explique.

Julien Fournié. Photographié pour "Elle" par Jean-Baptiste Mondino

Pour sa revue du 5 juillet, il s’est préparé comme si elle devait avoir lieu la veille, il a donc un jour d’avance. Le succès de son précédent défilé de haute couture (printemps-été 2011) le conforte : ses robes peintes à la main, brodées de plumes aériennes ou ornées de bandes de fourrure («des vêtements pensés pour effleurer délicatement l’épiderme», renseigne  son look book) ont recueilli  les suffrages.  Et ses études de médecine lui ont appris à gérer les tensions. Il a d’abord travaillé  pour Torrente, Jean-Paul Gaultier et Claude Montana avant de se mettre à son compte.

Ce sont d’ailleurs ses études de médecine qui ont façonné sa vision de la mode. «Je conçois la mode comme un univers global féminin qui aurait pour cœur central  la haute couture,  mon laboratoire de recherche où je traque formes,  codes et créations», s’enflamme-t-il. Autour de cette «cellule primordiale» gravitent «telles des molécules» diverses activités qui le passionnent telles que le  linge de maison, les arts de la table, le parfum,  le relookage d’appartements…  comme celui de 180 m2 avenue Bosquet qui jadis accueillit Charles de Gaulle et qu’il redessine avec Ambraude, une jeune peintre contemporaine. «Aux murs seront pendues ses toiles et je pendrai mes robes qui  léviteront entre deux plaques de plexiglas», s’exalte le bouillonnant lauréat du Grand Prix de la Création de la Ville de Paris. 

Collection printemps été 2011. Julien Fournié. Mini robe à housse.

Pour son précédent show, Julien Fournié n’avait fait défiler que des mannequins noirs, un choix courageux dans ce milieu mais pas étonnant de la part d’un couturier qui se fait fort de «détourner les codes».  «Ma collection automne-hiver 2011-2012 surprendra», promet-il, mais chut !… On insiste : et si un seul mot devait définir le défilé ? Julien Fournié répond sans hésitation, «mutation».

«Aujourd’hui tout va vite, commente-t-il, et nous vivons une grande mutation sociale, politique, intellectuelle…  A nous d’adapter nos habits à la vie que nous menons, de revêtir le matin des vêtements  en adéquation avec notre journée». Sa collection sera donc axée sur cette nouvelle façon de porter qu’il a baptisée «le porté nonchalant». Virage annoncé pour qui aspire à se lancer dans le prêt à porter en dépit des lourdeurs que ce processus industriel implique ? Pour illustrer la couleur maîtresse de son exhibition imminente, Julien Fournié se fait carrément énigmatique… «Un ton en adéquation avec nos rues, nos cités». On pense à la couleur poussière… «Il est des froissés élégants comme il est des abimés-usés qui font luxe», ne dément pas notre bien sibyllin interlocuteur. Concurrence oblige, on n’en saura pas davantage. Du froissé au frustré…

Maquillage, coiffure et chorégraphie sont  bien sûr  top secret à la veille de la prestation. On sait seulement qu’un film précèdera et accompagnera le show, que Dassault Système sera présent par le biais de son logiciel de création (en trois D et en temps réel)  dont Julien Fournié dit se servir comme « fashion lab ». Tout un programme, donc.

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