Oscar Strasnoy le compositeur qui échappe aux étiquettes

Aucun mot ne saurait qualifier justement l’univers musical du compositeur argentin Oscar Strasnoy, invité d’honneur du festival de création musicale de Radio France, Présences 2012 consacré à la musique contemporaine et à la création. Si ce n’est peut-être insaisissable ou inclassable. Nourrie  d’influences extra-musicales, particulièrement littéraires et cinématographiques, sa musique interpelle par sa diversité et sa théâtralité.

Débuté le week-end dernier au théâtre du châtelet, le festival Présence, véritable célébration de la création, dresse le portrait d’un artiste étonnant qui confère à la musique une dimension nouvelle. Opéra, opérette, musique vocale, musique instrumentale, et même variété, tant de genres dans lesquels s’illustre ce jeune compositeur de 41 ans. France Musique retransmet l’intégralité des concerts nous permettant ainsi d’apprécier toutes les facettes de ce compositeur.

La liberté, et l’indépendance, caractérisent l’œuvre et la personnalité d’Oscar Strasnoy. S’il est guidé par quelques grands maîtres (Stravinsky, Bartók, Ligeti, Berio entre autres), le compositeur ne semble être attaché à aucune école ou dogmes particuliers. Sous sa plume, musiciens et chanteurs se muent en de véritables acteurs, interprétant non pas seulement de la musique mais une véritable histoire, tantôt comique tantôt tragique.

Oscar Strasnoy. Photo d'une vidéo diffusée sur le site de Radio France.

 

Plus qu’un compositeur Oscar Strasnoy est un narrateur, s’évertuant à éveiller les sentiments humains aussi divers soient-ils, dialoguant parfois avec le répertoire musical et littéraire, tant à l’opéra que dans la musique instrumentale, comme en témoigne Le Bal, sorte d’opérette contemporaine, inspirée d’une nouvelle d’Irène Nemirovsky (diffusé en direct vendredi 13 janvier) ou Incipit et Scherzo pièces pour orchestre symphonique (diffusé lundi soir).

Incipit (Sum n°1) est le premier mouvement d’un ensemble de quatre pièces pour orchestre rendant hommage à la forme symphonique, regroupées sous le titre de Sum.  A travers ce cycle, Stranoy converse avec la symphonie elle-même et semble en interroger les différents mouvements. Incipit, terme littéraire désignant le début d’un roman, tente d’évoquer  à travers les notes répétées des cuivres en un staccato percussif qui revient tout au long de la pièce, les glissandos étranges presque angoissants des cordes, les références furtives aux ouvertures d’autres œuvres symphoniques (on reconnaît notamment les symphonies n°3 et 5° de Beethoven), les interrogations du compositeur sur la manière de commencer. Scherzo (Sum n°3) évoque l’esprit léger de la forme éponyme et fait notamment référence à une sonate en si b Majeur pour Piano de Franz Schubert.  Ces deux mouvements sont disponibles sur le site internet de France musique, les deux autres ont été interprétés le 20 novembre et retransmis en direct à la radio.

Le Bal, quant à lui est une œuvre lyrique, tragi-comique, qui nous plonge dans un huis clos familial. L’intrigue se situe dans le Paris des années 20, dans la famille d’un modeste banquier qui vient de faire fortune subitement. Sa femme Rosine, désireuse d’impressionner le tout Paris décide d’organiser un bal, mais leur fille unique jette les invitations dans la Seine plutôt que les poster. Le soir de la fête, personne ne vient. La jalousie, la vanité, l’ironie, le sarcasme, et surtout l’hystérie, tant de passions que le compositeur nous peint par le biais d’interventions  moqueuses des cordes, sarcastiques des vents, d’effets syllabiques ou de rires hystériques des chanteurs,  et qui confèrent à cette œuvre une dimension comique étonnante.

Comme le montre ces deux œuvres, l’univers de Strasnoy semble s’étendre  bien au-delà de la musique, le compositeur aime faire correspondre les arts entre eux, et mélanger les différents genres musicaux. De ce fait sa musique est véritablement inclassable. La place qu’il attribue au théâtre donne à ses œuvres une dimension unique et novatrice. Au musicologue Federico Monjeau il confie d’ailleurs définir l’opéra comme du Théâtre chanté et voir ses symphonies comme des œuvres théâtrales sans parole. Trois opéras et cinq créations mondiales commandées par Radio France sont interprétés lors du festival. Une programmation éclectique nous permettant de découvrir un artiste à la personnalité pleine de fantaisie et à l’imagination foisonnante.

Diffusion ou rediffusion sur le site de Radio France ainsi qu’à la radio 91.7.

 Ce dimanche 22 janvier en direct à  à 14h30, 16h30 et 18h30

 Alla  Breve sur le site de France Musique

Oscar Strasnoy à la radio via France Musique. Photo: Les Soirées de Paris.

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