La Missa Gallica nous transfuse

Les  églises bondées sont bien rares de nos jours. Celle de Saint-Christophe de Javel dans le 15e arrondissement, était comble hier soir, le 4 mai. Une chorale s’y produisait pour interpréter des chants folkloriques à la mode Malicorne (un groupe folk des années 70) et surtout une Missa Gallica purgative, euphorisante et parfois triomphale, soit une addition de sensations que l’on n’éprouve pas tous les jours et qui fait que quelque chose est littéralement sensationnel voire ascensionnel.

«Je ne suis pas venu ici pour chanter danser ou rire, mantirelire lon li ra», les textes chantés en première partie par la chorale La Voix est libre, sont issus d’un folklore tellement ancien que le dress code d’alors imposait le port des poulaines vernies pour les soirées en ville. Au contact de chants que fredonnaient nos très vieux aïeux, on sentait s’ouvrir chez ce public de 2012 saturé par le climat politique de l’entre-deux tours, de très vieilles vannes dont on ne pouvait soupçonner l’existence, quelque part dans les mystérieux circuits de la mémoire.

Ainsi échauffée par ces mouvements de chorale fractionnés, la salle était fin prête pour cette Missa Gallica, créée en 1982 par Bernard Lallement. Quelle réussite. Ses kyrie, ses gloria et ses sanctus puisent dans le chant traditionnel folklorique et ne renient pas pour autant les références du genre, qui font qu’un amateur du Te Deum de Dettingen de Haendel par exemple, ne sera pas dépaysé. Catherine Ressaire, la chef de chœur, mène son affaire de main de maître. Son indéniable virtuosité rythmique est transfusionnelle. Les musiciens qui accompagnent le choeur sont de leur côté à la hauteur, ce qui n’est pas peu dire, avec des sons inattendus comme la vielle à roue, le galoubet-tambourin et, sauf égarement des sens, quelques accords de guitare à amplification électrique.

La «standing ovation» qui attendait l’ensemble musical au final était méritée. «La Voix est libre» porte bien son nom pour ses vertus purgatives. C’était hier soir une belle façon de fêter vingt années d’existence. La Voix est libre se produit derechef ce soir 5 mai 20h45 à l’église Sainte-Claire (19e), demain 6 mai à Saint-Albert le Grand (13e) à 15h30 et aussi le 25 juin à 20h30 à Notre Dame de Nazareth (15e). Chanteurs et musiciens sont bénévoles et l’entrée est gratuite, pourquoi se priver. Cette Missa Gallica est tellement bonne à écouter qu’on en oublie l’inconfort rageant de ces chaises d’églises à fond de paille. Ai-je convaincu.

PHB

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6 réponses à La Missa Gallica nous transfuse

  1. Apolline dit :

    Bel et bien convaincue! Comment pourrait-on en apprécier ne serait-ce qu’un tout petit peu la beauté en étant en province?

    • cat dit :

      2 solutions: acheter le dvd qui sortira en septembre, ou nous faire venir dans votre ville!!!

  2. Philippe Bonnet dit :

    Merci de votre commentaire chère lectrice. PHB

  3. Bruno Philip dit :

    …et nous transporte

  4. Ping : La Gallica le 4 mai | La Voix Est Libre

  5. Daval Anne dit :

    Ai retrouvé avec BONHEUR cette oeuvre splendide que j’ai chantée avec ma chora- le , à Fougères (sous la direction du compositeur!) pour le 25 è anniversaire de sa création, en 2000. Souvenirs heureux!

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