Molière en blouson noir

Molière est éternel, c’est entendu. S’emparer de l’une de ses pièces, c’est pour un metteur en scène et des comédiens l’assurance de ravir l’audience sous réserve d’un tantinet de savoir-faire, tant le texte ne prend pas une ride et conserve à tout coup pour nous un éclairage contemporain. En l’occurrence celui de la vacuité de la vanité, du règne de l’apparence, avec ces Précieuses Ridicules présentées jusqu’au 15 septembre par l’indispensable Lucernaire.

Du coup, il s’agit pour la troupe de dénicher un angle, une idée de monter la pièce en sortant des sentiers battus et, surtout, des costumes estampillés Louis XIV. Tout en respectant le langage de la Cour. C’est chose faite ici par la magie de la mise en scène de Pénélope Lucbert. Le texte est bien celui de Molière, mais l’auteur se pare ici d’un blouson noir. Bienvenue sur la piste de danse, le rock and roll prend ses aises rue Notre-Dame des Champs. Faites tourner la boule à facettes, branchez la guitare, yeah, yeah, yéyé !

Les Précieuses ridicules au Lucernaire. Photo: Philippe Lepaulard

Bon, tout de même, et c’est heureux, il ne s’agit pas d’une méga bringue, pour les festivals rock de l’été, prenez plutôt un billet pour Carhaix. Ca balance comme il faut avec pour tout orchestre un guitariste muet mais efficace sévissant sous le nom d’Oscar Clark.

La bande sur scène est dans le bon rythme, se déhanchant sans excès, en faisant voir de toutes les couleurs à un canapé qui constitue l’unique pièce de décor. Il y a de petits moments de grâce toute simple, sincères et efficaces, comme ce ralenti cinématographique des coups de bâtons ou comme les sourires de la servante.

Les Précieuses ridicules au Lucernaire. Photo: Philippe Lepaulard

La paire de précieuses, triturant bouche ouverte leur gomme à mâcher, sont bel et bien délicieusement ridicules, tout comme leurs prétendants.

Molière dépoussiéré, mode d’emploi

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