Petit dîner entre amis

Sept amis sont rassemblés ce soir-là dans un appartement parisien pour fêter dignement l’anniversaire de leur hôte. Tout va pour le mieux étant donné le contexte. Jusqu’à ce qu’un trouble-fête ne vienne jeter son grain de sable, qui fait voler en éclats l’amitié et transforme la réunion en pugilat de groupe. Il est vrai que la soirée se déroule sous l’Occupation et que l’indésirable est officier SS.


Le Repas des Fauves est un spectacle formidable. Je n’arrive pas certes avec la première vague de critiques enthousiastes pour écrire cela. Avec trois Molières l’an passé, et pas des moindres (Meilleure pièce du Théâtre privé, Meilleure mise en scène, Meilleure adaptation), voilà le Repas des Fauves installé au pinacle de reconnaissance par les professionnels de la profession. Distinctions méritées. De fait, pour cette reprise au Théâtre Michel rue des Mathurins, la salle était comble.

Le repas des fauves. Source image: Théâtre Michel

Adaptée d’après l’œuvre de 1960 de Vahé Katcha et mise en scène par Julien Sibre, la pièce nous transporte littéralement dans cet appartement où se retrouvent avec plaisir sept personnages d’horizons divers, du libraire à l’industriel de l’acier à l’activité florissante, du professeur de philosophie au médecin. Le marché noir offre aux convives la promesse d’un copieux et savoureux dîner. Mais voilà, le vernis ne va pas tarder à craquer dès l’irruption d’un type en uniforme noir, pas content, mais pas content du tout. Je peux maintenant ménager l’intrigue, j’en ai dévoilé un pan mais ce n’est qu’un début.

L’interprétation, la mise en scène, la musique, le décor sont impeccables. La projection en fond de scène de films d’animation ajoute une dimension très originale et réussie. Sur fond d’Occupation avec son triste manteau de privations et de peur incessante de la mort, le Repas des Fauves nous présente une réflexion intemporelle sur l’amitié. Le traitement du sujet fait de ce Repas une grande pièce. Quand bien même en effet tous les thèmes attendus de l’Occupation y passent avec justesse, de l’antisémitisme à la Collaboration, l’atmosphère ménage le suspense sans atténuer le «divertissement», du rire aux larmes.

Venez admirer les fauves en cage rue des Mathurins  

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Une réponse à Petit dîner entre amis

  1. Bruno Sillard dit :

    Le repas des fauves fut aussi adapté au cinéma par Christian Jaque, avec Francis Blanche et Claude Rich entre autres, en 1964. A la fin des années cinquante, début soixante, le cinéma français nous a offert toute une série de huit-clos dont le plus réussi est sans doute Marie-Octobre de Julien Duvivier, avec Paul Meurisse, Danielle Darrieux, Bernard Blier, Lino Ventura etc. Reggiani aussi. Reggiani que l’on va retrouver dans les Séquestrés d’Altona de Sartre au théâtre, et là tu te plantes Bruno, puisqu’on ne le retrouve pas au cinéma dans le film de Vittorio de Sica. A signaler aussi le nettement moins réussi Jeu de la vérité de Robert Hossein, avec Paul Meurisse, Jean-Louis Trintignant. Le cinoche américain qui nous a donné au même moment, Douze hommes en colère… Mais là je m’arrête, La corde aussi… OK, OK , je m’arrête.

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