Rothschild façon grand siècle à la BnF

Le bout d’épopée de la famille Rothschild qui s’expose en ce moment même à la BnF est instructif à plus d’un titre. La nomenclature serait trop longue à livrer mais au hasard on apprend que c’est dans leur hôtel particulier de la rue Laffitte, que le chef cuisinier Antonin-Marie Carême a inventé le soufflé «à la Rothschild», le saumon «à la Rothschild » et le filet de bœuf devinez quoi, «à la Rothschild». Le «à la bonne franquette», c’était pour les jours de krach.

Même avec une scénographie soignée, il faut quand même un peu s’intéresser à l’histoire pour s’impliquer. Un minimum d’érudition  économique est nécessaire pour bien saisir l’enjeu des objets exposés comme ce joli «jeton de présence» en ivoire des Chemins de fer du Nord et au nom de Lionel de Rothschild. Cela lui servait pour faire rétribuer sa présence au conseil d’administration de la compagnie bien sûr mais aussi de ticket de train permanent ce qui est bien le minimum.

Le jeton de présence de Lionel de Rothschild. Photo: Les Soirées de Paris

Cette histoire partielle d’une famille à tous points de vue sortant de l’ordinaire a eu un point de départ. L’exposition se limite au 19e siècle et à la France mais l’on y découvre en photo le point de départ fondamental, la maison de Francfort-sur-le-main à partir de laquelle, sans forcer sur les mots, a démarré à la fin du 18e siècle, une épopée qui allait se transformer en retentissante réussite financière. La constance de la stratégie des Rothschild, notamment basée sur l’information (recherche, détention, exploitation, transmission…), est sans aucun doute l’un des clés de leur succès.

L’exposition nous en  apprend sur l’investissement, au propre comme au figuré, de James de Rothschild dans le chemin de fer à destination de Boulogne sur Mer  et aussi dans la construction de la Gare du nord. Elle nous révèle ou nous rappelle  que Balzac était client de la banque et que la philanthropie ou le mécénat (à l’égard de la BnF notamment)  n’étaient pas chez eux de vains mots. Les frontons de bâtiments hospitaliers portant comme Crésus  le nom emblématique de la richesse restent en effet assez nombreux à Paris.

La maison d’origine à Francfort-sur-le-Main. Photo: Les Soiées de Paris

Les organisateurs de cette exposition ont eu le bon réflexe ne pas se limiter aux Rothschild et d’élargir le propos à deux autres familles ayant fait partie du club des grands banquiers du 19e siècle, les Pereire et les Camondo. Comme les Rothschild, il convient de dire qu’ils ont joué un grand rôle dans l’essor de l’économie française au 19e siècle, on leur doit la Compagnie générale transatlantique et la station d’Arcachon, c’est tout dire. Ils ont fait faillite, au contraire des  Rothschild dont ils étaient concurrents.

Les Camondo quant à eux  venait d’Istanbul c’est-à-dire Constantinople et on les appelait les Rothschild de l’Est.  Ils étaient considérés comme la famille juive sépharade «la plus puissante de l’Empire Ottoman». Leurs derniers descendants ont péri dans les fours crématoires.

Voilà de quoi bien s’occuper un jour de pluie ou mieux quand il fait beau car il y a moins de monde. La Bnf présente pour l’occasion 200 pièces composées de manuscrits, tableaux, photographies qui font comme un écrin de luxe de luxe à ce James de Rothschild qui vint s’installer à Paris en 1812. Il avait tout juste vingt ans.  Pour la suite, suivez le guide.

 

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2 réponses à Rothschild façon grand siècle à la BnF

  1. jmcedro dit :

    Juste pour la signaler, la bonne étude de Pierre Assouline, Le dernier des Camondo, parue il y a quelques années.

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