L’Etoile Lilas s’ancre à la porte du même nom

Avec l’apparition de l’Etoile Lilas, Paris s’enorgueillit d’un nouveau cinéma et en profite pour établir son bilan. Situé sur l’espace intelligemment rénové de la Porte des Lilas, ce nouveau cinoche dresse sa silhouette massive. Son style emprunte celui des bunkers de la guerre, autant dire qu’il ne ruine pas nos rétines par son élégance, mais la vue de sa terrasse est plaisante.

L’œil exercé d’un parigot ayant quelques dizaines d’années d’ancienneté derrière lui ,repère facilement tous les cinémas de quartiers disparus. Ils sont devenus des magasins de chaussures ou des supermarchés. Leurs belles façades sobres avec une touche art déco pleurent le temps ou un garçon pouvait faire le malin auprès de sa petite amie en foulard en lui offrant à fumer une blonde américaine avec ou sans filtre en attendant l’heure de la séance.

Tout semblait promis à la casse, les écrans proprement virés par les écrans plats de salon, jusqu’à ce que l’on assiste à un sursaut remarquable, aidé parfois par les fonds publics. Le bassin de la Villette pétille de milles lumières jaunes, rouges et bleues entre ses deux MK2 reliés par bateau, le Louxor sortira bientôt de sa léthargie tombale et, à trois jets de pierre de l’Etoile Lilas, le Trianon de Romainville (là où avait lieu la dernière séance avec Eddy Mitchell) vient de se payer une rénovation bienvenue. Paris tient à ses cinémas même si le sort de beaucoup de vieilles salles de quartier n’a pas ému grand monde quand elles ont disparu. En 2010 par exemple il s’en est fermé 11.

Le CNC (Centre national du cinéma), pièce pivot de la bonne santé du cinéma hexagonal, peut se vanter d’avoir à Paris un «parc de salles unique au monde». La situation a néanmoins tendance à se stabiliser, la diminution du nombre de salles étant compensée par l’augmentation du nombre d’écrans. En 2015, il y aura 88 établissements pour 431 écrans contre 89 établissements et 369 écrans en 2000. C’est le règne de l’hyper-cinéma qui peut, comme à la Porte des Lilas et autres multiplexes, superposer et juxtaposer des salles.

 

Vue depuis la terrasse de l’Etoile Lilas. Photo: Les Soirées de Paris

Un détour par l’Etoile des Lilas ne manque pas d’intérêt. Avant qu’il ne pousse, le secteur totalement inhospitalier il y a quelques années, a été métamorphosé. Grâce au recouvrement du périphérique, les aires ont été verdies et l’ensemble a baissé de plusieurs tons : on peut parler sans hurler tout en respirant mieux. Une réussite qui n’a même pas pénalisé les automobilistes. Un vrai quartier est né.

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2 réponses à L’Etoile Lilas s’ancre à la porte du même nom

  1. Bruno Sillard dit :

    Avec tous ces cinoches, les théâtres de la Colline vers Gambetta, ou de la Commune à Aubervilliers, Zingaro aussi, la quarantaine d’ateliers d’artistes au Quatre-Chemins à Pantin, le Centre de la danse toujours à Pantin, et évidemment La Villette et la cité de la musique etc. pas mal le coin !

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