Trenet, le fou cent ans

C’est peut-être le signe des grands. Comme Sète avec Georges Brassens ou Toulouse avec Claude Nougaro, la ville de Narbonne doit beaucoup au plus célèbre de ses enfants, Charles Trenet.  Elle est maintes fois évoquée dans l’une ou l’autre de ses chansons (plus de mille !) et sa maison natale est restée une  inépuisable source d’inspiration. « Mes autres maisons m’appartiennent, mais j’appartiens à celle de Narbonne  » disait le poète, dont tout le monde connaît  les « Jeunes années ».
Le centenaire de la naissance de celui qui a inventé la chanson française a fait l’objet d’une certain nombre de manifestations dont une exposition à Paris, à la Galerie des Bibliothèques. Mais quand l’héliotropisme saisonnier vous conduit vers le sud, difficile  de ne pas faire un petit crochet par Narbonne pour découvrir cette maison aux volets verts et aux planchers qui grincent, située juste en face du chemin de fer.

Difficile de ne pas se représenter le petit Charles rêvant de lointains voyages lorsqu’il entendait le passages des trains rythmant les journées et les soirées… “Mes sommeils d’enfant en furent bercés“.

La maison natale de Charles Trenet à Narbonne. Photo: Gérard Goutierre

Depuis l’époque, le train s’est électrifié, mais il passe toujours  à quelques mètres de la maison, une grande bâtisse bourgeoise édifiée à la fin du XIXe siècle par ses grands-parents maternels, où sa mère Marie-Louise est née, où lui-même est né le 18 mai 1913, à 15 h. La visite vous fait découvrir les objets familiers gardés dans cette bonne maison rassurante donnée par Trenet lui même à la ville de Narbonne en 1994.

Cette bâtisse relativement imposante de deux étages, située à un tournant de rue, possède un climat particulier. S’attendrait-on à voir arriver, derrière la porte, tout sourire, le chanteur poète ? Il ne faut pas trop se forcer pour ressentir cette présence, à travers des objets de la vie courante, ni pour se souvenir des “parfums de naphtaline, de médicaments de lauriers et d’eau de mélisse“.

Au premier étage, on retrouvera la table familiale évoquée dans « La Folle complainte » (“Je me cache sous la table, le chat me griffe  un peu“). On ne manquera pas de passer sa tête aux fenêtres: vision panoramique sur la toile d’araignée des rails de chemin de fer. Un astucieux montage fera apparaître un bon vieux train à vapeur…

Le rez-de-chaussée de la maison de Charles Trenet à Narbonne. Photo: Gérard Goutierre

Le deuxième étage était celui de Charles. Rien ne semble avoir changé depuis les années 1950 : Trenet avait coutume de s’y rendre lorsque ses tournées lui en laissaient le temps. On sourira en pensant  aux repas pantagruéliques qu’il se plaisait à offrir aux amis.  Ces repas devenus légendaires, commençaient ponctuellement à 13 h. Et se prolongeaient jusqu’à une heure plutôt avancée de l’après-midi, voire de la soirée. « On n’y buvait pas que de l’eau  » dit un témoin. « Je ne fais qu’un repas par jour… »  plaisantait Charles, avec son ironie coutumière.

Un piano à queue en bas, un piano droit à l’étage, des partitions originales, des photos anciennes : c’est bien la maison d’une « famille musicienne ».
Et comment ne pas penser à l’un des succès du duo que Charles forma avec Johnny (Hess) en 1935. Trenet n’a que 25 ans. La chanson est révélatrice:

« Maman, ne vends pas notre vieille maison.
Là, j’peux pas t’donner raison.
Elle est si jolie avec ses volets verts,
Sa fraîcheur l’été et sa douceur l’hiver.
Les trains qui vont la nuit
Nous chantent des chansons.
Maman, ne vends pas notre maison ».

Pour marquer ce centenaire, la ville Narbonne organise, du 20 au 24 août, sa sixième édition du festival Trenet. Au programme, des artistes aussi importants que Charles Aznavour, inconditionnel admirateur, mais aussi Patricia Kaas, Jean-Jacques Debout, Annie Cordy, Louis Bertignac… Et des concerts, des animations de rue ou dans les cafés et bodegas de la ville.  Du Trenet partout. Y aura d’la joie partout.

 

Le salon familial de la maison natale de Charles Trenet. Photo: Gérard Goutierre

Maison natale, 13 avenue Charles Trenet, Narbonne.
Infos 04 68 65 15 60

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3 réponses à Trenet, le fou cent ans

  1. Philippe Bonnet dit :

    De quoi enchanter notre mercredi, merci. PHB

  2. Bruno Philip dit :

    Ce qui est étonnant c’est la modestie de la décoration.

  3. Steven dit :

    Let’s sing

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