My Fair Lady, un charme irrésistible

My fair lady. L'affiche du spectacleEliza Doolittle se métamorphose sous nos yeux ébahis. La petite marchande de fleurs de Covent Garden à l’accent prolétaire devient une grande dame, une élégante, une Fair Lady. En apparence tout du moins. Si la robe ou la coiffure semblent impeccables, il reste bien du noir de suie sous le vernis des ongles. On n’échappe pas à sa condition.

L’accent, ou plutôt le langage, est au cœur de l’affaire. Eliza Doolittle n’a pas le sou, elle vit à Londres, parle le cockney, cette langue qui trahit sa condition ouvrière. Par magie, non, à force d’obstination, son pygmalion, le professeur Higgins, lui donne un masque, celui de la haute société. Mais l’ascenseur social finit toujours par redescendre dans cette impitoyable société anglaise, c’est ce que nous conte cette si fameuse comédie musicale présentée jusqu’au 1er janvier au Théâtre du Châtelet (est-il besoin de le rappeler l’une des plus magnifiques salles de spectacles parisiennes ?).

My Fair Lady est donc un conte de fée un peu spécial, sans happy end stricto sensu (sans fin heureuse à proprement parler). Tant mieux. Tout ici n’est qu’enchantement, des chants aux décors, des costumes aux chorégraphies. Comment résister devant tant d’artifices destinés au plaisir de spectateurs charmés. Le spectacle avait déjà fait les beaux jours du théâtre il y a trois ans, il revient déjà pour les fêtes de fin d’année.

My Fair Lady - Théâtre du Châtelet - à l'image: Katherine Manley (Eliza Doolittle) / Alex Jennings (Henry Higgins) © Marie-Noëlle Robert - Théâtre du Châtelet

My Fair Lady – Théâtre du Châtelet – à l’image: Katherine Manley (Eliza Doolittle) / Alex Jennings (Henry Higgins) © Marie-Noëlle Robert – Théâtre du Châtelet

On sourit, donc, quand bien même la leçon est sévère, et si toutefois on a les moyens financiers de se la permettre. La lutte des classes et des genres fait rage. L’ouvrier ne peut-il avoir de morale, est-ce un luxe inaccessible pour lui qui doit se serrer la ceinture avant tout ? La femme peut-elle penser, s’élever, ne doit-elle pas naturellement se soumettre à la volonté de son père, de son mari, de son maître ? Le propos du musical d’Alan Jay Lerner (Livret) et de Frederick Loewe (musique), créé en 1956 à Broadway, semble à la fois suranné et intemporel.

Au passage, les cancres apprendront qu’il y a donc bien une Fair Lady avant le film de George Cukor de 1964. Broadway avant Hollywood. Un film de Cukor … dans lequel Audrey Hepburn est doublée pour les chants !

 

 

 

 

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