Auguste Perret, c’est béton !

Détail du Palais d'Iéna. Photo: Lottie BrickertJuste retour des choses : Le Palais d’Iéna rend hommage à celui qui lui a donné vie. Le Conseil économique social et environnemental, dont le Palais est devenu le siège en 1959, présente, jusqu’au 19 février,  « Huit chefs d’œuvre » du grand architecte Auguste Perret.

Auguste Perret est avant tout connu pour la reconstruction de la ville du Havre, entièrement détruite pendant la guerre. Préfabrication, exploitation novatrice du béton, pour la renaissance du Havre, il a utilisé des techniques de construction inédites qui ont abouti à un style moderniste sans ornement. La ville, aujourd’hui inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, frappe par son unité et son intégrité incomparables. Cette reconnaissance n’est pourtant que le couronnement d’une œuvre qui s’étend sur un demi-siècle comme le montrent les huit chefs d’œuvre présentés ici : l’immeuble de la rue Franklin (1903), le théâtre des Champs-Elysées (1913), l’église du Raincy (1923), la salle Cortot (1928), le Mobilier National (1934), le Palais d’Iéna (1937), ainsi que l’Hôtel de Ville (1950) et l’église Saint Joseph (1951) du Havre.

Ce visionnaire, féru de technologie, a souvent été décrié pour ses idées novatrices qui n’ont pas fait l’unanimité.  Parmi les premiers architectes à comprendre, dès 1900,  l’avantage de l’utilisation du béton armé dans la construction, il a pu grâce à la robustesse et au moindre coût de ce matériau édifier des structures audacieuses, fonctionnelles et résolument modernes. Sa connaissance du béton l’amène d’ailleurs à diriger, en 1923, un atelier libre de l’École des Beaux-Arts spécialisé dans ce domaine.

L'église Saint-Joseph du Havre. Exposition Perret au Palais d'Iéna. Photo: Lottie Brickert

L’église Saint-Joseph du Havre. Exposition Perret au Palais d’Iéna. Photo: Lottie Brickert

Chez les Perret, l’amour du bâtiment se transmet de père en fils. En 1882, Claude-Marie Perret, le père, créé une entreprise générale de bâtiment. Après leurs études aux Beaux-Arts, Auguste et Claude, les deux fils rejoignent l’entreprise familiale qui réalise plusieurs immeubles à Paris dont celui de la rue Franklin.

En 1905, à la mort du père, Auguste et Claude fondent l’agence Perret Frères avec leur frère Gustave, architecte lui aussi, et ils se consacrent dans un premier temps à l’étude du béton armé. Il est d’ailleurs à noter que Charles-Edouard Jeanneret, le futur Le Corbusier, fait un stage de 14 mois dans l’agence Perret frères en 1908-1909. La construction du théâtre des Champs Elysées, achevé en 1913, est le premier des grands projets institutionnels d’envergure en France. Suivront au fil du temps, les sept autres chefs d’œuvre présentés ici.

Nul besoin d’être un geek en architecture pour apprécier cette exposition : les cartouches sont instructifs et la scénographie est intelligente.   Maquettes splendides, plans et dessins léchés, photos et revues d’architectures d’époque, mais aussi objets plus personnels,  nous font découvrir les spécificités du style Perret : l’élégance des formes, la sobriété du classicisme et l’utilisation avant-gardiste des matériaux.

L'escalier monumental. Exposition Perret au Palais d'Iéna. Photo: Lottie Brickert

Exposition Perret au Palais d’Iéna. Photo: Lottie Brickert

Si toutefois l’exposition ne réussissait pas à nous convaincre du talent d’Auguste Perret, il suffirait  de faire quelques pas dans la salle hypostyle du Palais d’Iéna et de lever les yeux vers le superbe escalier monumental (ci-contre), pour comprendre la contribution majeure apportée en cinq décennies à l’architecture contemporaine par ce bâtisseur audacieux.

 

Jusqu’au 19 février.

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5 réponses à Auguste Perret, c’est béton !

  1. Steven dit :

    Dans le 16e, pas très loin du Trocadéro, on peut voir un de ses immeubles avec une plaque souvenir et qui montre que son béton ne vieillissait pas toujours très bien.

  2. D’accord pour le théâtre des Champs Elysées, le palais d’Iena et les autres ouvrages cités dans l’article. Mais, je garde le souvenir de cette tour, dénommée Tour Perret, qui se dressait toute noire et se voyait de loin en arrivant à Amiens, comme fait sa cathédrale pour Chartres. Elle m’a toujours donné une mauvaise impression de l’œuvre de Perret, indécise dans son dessin, trop fine pour être honnête, et inhabitable pendant des années. (Il paraît qu’on arrivait pas à faire monter l’eau jusqu’aux derniers étages, faute de pompes assez puissantes.) Je viens de voir une photo de la tour. On l’a nettoyée et il semble qu’on l’éclaire la nuit de toutes les couleurs. Je reste cependant très réservé sur ce triste travail tardif d’Auguste Perret. Je trouve Jacques Perret plus rigolo.

  3. Sûr, Jacques Perret c’est autre chose. PHB

  4. Violetta dit :

    Et Pierre, donc !
    😉

  5. de FOS dit :

    Du CESE à l’immeuble de la rue Franklin, il n’y a qu’un pas… qu’il faut franchir pour comprendre ce mur fait de pavésde verre sertis qui laissent passer la lumière. De « belles » économies d’énergie avant l’heure.

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