Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté

Montage stylisé de Stéphane Mallarmé d'après une photographie (1896) de NadarLe poète Stéphane Mallarmé est né le 18 mars 1842. Il a croisé bien du beau monde dans sa vie (Rimbaud, Verlaine, Manet, Nadar) et son influence novatrice a porté chez nombre de ses suivants. Jugé « hermétique » par certains de ses contempteurs, l’auteur du fameux « un coup de dés jamais n’abolira le hasard » (poème posthume publié il y a cent ans cette année), méritait un hommage des Soirées. Voici l’un de ses poèmes titré « Apparition ».

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles
– C’était le jour béni de ton premier baiser.

Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.

Montage stylisé de Stéphane Mallarmé d'après une photographie (1896) de Nadar

Montage stylisé de Stéphane Mallarmé d’après une photographie (1896) de Nadar

J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté

Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger des blancs bouquets d’étoiles parfumées.

Stéphane Mallarmé.

 

 

 

Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898 (Wikipédia)

 

Print Friendly, PDF & Email
N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Poésie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté

  1. jmcedro dit :

    Merci pour cet anniversaire qui nous avait échappé. Mallarmé hermétique peut-être – encore que les spécialistes l’ont largement décrypté – mais on lui sait gré de quelques uns des plus beaux « tombeaux » de la poésie française, et de vers qui nous restent plantés dans la mémoire… (« La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres »; « Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change », etc).
    Et puis, un poème qui commence par « Rien » (il s’intitule Salut, c’est l’un de mes préférés, et, faites donc l’essai svp, vous verrez qu’en le ruminant il devient beaucoup moins abscons) ce n’est pas rien. J’avais un professeur de philosophie, un fameux, un excellent, qui aimait faire remonter à ce « rien » là le courant existentialiste français…

  2. Toujours précieux commentaires de JmCedro. PHB

  3. Steven dit :

    Je me souviens d’une fée. Et nous sommes tout un groupe. S.

Les commentaires sont fermés.