Bonne fille la lentille

Préparation à base de lentilles. Photo: Guillemette de FosLa lentille sonne toujours deux fois
Elle a les vertus du légume,
Les calories du féculent.
Brun, vert ou rose est son costume
Son emploi  est polyvalent.
Elle assure en peu de volume
Un équipage de talent :
Poisson ou viande, la lentille
Fera  escorte à qui le veut.
Et s’il en reste, bonne fille
S’écrasera si c’est le vœu.

On a toujours  besoin de petites billes chez soi. Pas d’insipides petits pois en boîte de conserve à la saveur douceâtre, mais de petites perles de couleurs différentes que les bambins ont le droit d’avaler sans se faire gronder.

Légume au cœur sec, la lentille est l’oubliée de l’étagère du garde-manger.  C’est dommage, car elle cumule les atouts gustatifs et nutritionnels. Elle riche en fer à faire pâlir Popeye et la réputation des épinards. Elle est gorgée de protéines végétales à transcender les scores de marathoniens. Elle abonde de fibres stimulantes pour les mélancoliques chroniques du  transit intestinal. Elle contient des doses de magnésium propres à galvaniser  les plus neurasthéniques. Surtout s’ils la consomment  « chocolat » (une couleur placebo pour les dépressifs  en mal de cacao).

On dit volontiers que la lentille remplace avantageusement la viande qui nourrit aujourd’hui tous les soupçons. Les diététiciens recommandent d’en consommer une à deux fois par semaine. Un  Plan B,- ou plutôt L  aussi bénéfique pour les entrailles que le porte-monnaie.

Lentilles. Photo: Guillemette de Fos

Lentilles. Photo: Guillemette de Fos

Extraite de gousses d’une graminée mesurant moins de 40 centimètres, la mini bille fait pour nos organismes le maximum. Et ce depuis fort longtemps : on en a retrouvé des traces cultivées dans des sites datant de l’âge de pierre ! De là à attribuer à cette plante à la vie dure l’exceptionnelle durée de vie de Mathusalem…

Question saveur, la lentille a plus d’une ressource dans son sachet. Le féculent multicolore rompt la monotone alternance du pâle trio riz/pâtes/pommes-de-terre. Plus que l’accommodement,  c’est l’assortiment qui importe avec cette vieille fille. Mais elle n’est pas difficile, elle convole avec nombre de viandes ou poissons, donnant  naissance à de savoureux plats « avec » lentilles… A n’échanger  bien sûr sous aucun prétexte pour de quelconques droits d’ainesse !

Comme la lentille se conserve bien une fois cuite et que l’énergie est notre avenir (etc, etc…), ne pas hésiter à en cuire pour un régiment  pour des raisons d’économie. On cuira la légumineuse dans une casserole d’eau juste agrémentée d’un oignon troué d’un clou de girofle, d’une petite carotte coupée en rondelles pour adoucir l’âcreté de la rombière. Et pour la réveiller, penser à la gousse d’ail.

Préparations à base de lentilles. Photo: Guillemette de Fos

Préparations à base de lentilles. Photo: Guillemette de Fos

Cuite sous ce simple appareil, la perle – rose, verte ou couleur chocolat – fait merveille avec du porc coupé en tronçons (le rejeton se nomme petit salé). Plus  original est de la marier à un pavé de saumon cuit à l’unilatérale, procédé qui  allie le moelleux dedans au croustillant dehors. Le pavé repose sur la poêle bien chaude côté peau, la partie chair se voyant recouvrir d’un broyat de poivre en grains et de baies roses. Ce rose qui lui va si bien…  Reste à y allumer le feu. En été, version fraîcheur, unissez la toujours bien roulée pour son âge au coureur des mers : la lentille fait merveille avec le saumon fumé.

S’il en reste, les reliefs de lentilles sont goûteux mixés  avec du lait de coco ou du lait concentré non sucré rehaussé d’une pointe de citronnelle et/ou de gingembre.

De beaux restes de lentilles trouvent également nouvelle jeunesse mélangés à un Babybel  ou une Vache qui rit (autre placebo contre la déprime).

Ces consommés express  nourrissants peuvent être servis chauds, tièdes ou froids, en solo ou agrémentés de crevettes, de miettes de crabe, de moules décortiquées ou de lamelles de noix de coquilles Saint-Jacques ou que sais-je encore. Agissez selon humeur et … disponibilités réfrigérées.  Pour dérider vos petites vieilles,  passez-les au chinois, le peeling  leur donnera une chair plus veloutée.  Personnellement, je trouve cela dommage : j’ai la lentille dans la peau !

Print Friendly, PDF & Email
N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Gourmandises. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Bonne fille la lentille

  1. tristanfelix dit :

    Je goûte toujours autant vos mets de langage.

Les commentaires sont fermés.