Un bonbon pour le paradis

Détail d'un sucre d'orge de Moret-sur-Loing. Photo: Les Soirées de ParisC’est bien connu, lorsque le sucre d’orge coule dans la gorge d’Annie, il donne à ses baisers un goût anisé et ses yeux prennent  par conséquent la couleur des jours heureux. Impossible de ne pas penser aux paroles géniales de Gainsbourg lorsque l’on visite à Moret-sur-Loing, le musée du sucre d’orge.

Sarah Bernhardt ne détestait pas s’envoyer un berlingot de sucre d’orge avant de monter sur scène et des gens très bien comme Jean Jaurès ou Aristide Briant ont laissé leur trace sur le livre d’or du musée. De retour de l’île d’Elbe, Napoléon savait à quoi s’en tenir en choisissant Moret-sur-Loing comme ville d’étape et faisait régulièrement parvenir une pièce d’or à Sœur Félicité afin de trouver quelque réconfort dans les bonbons dont elle perpétuait la recette.

Sous la forme du « petit bâton » chanté par Gainsbourg ou en berlingot, ce bonbec relève bien d’une douceur tant la présence de sucre y est finement dosée. Sa couleur ambrée séduit l’œil avant de parfumer délicatement le palais.

Tandis que la ville est posée au bord du Loing, le musée se tient à la place de l’ancien moulin détruit en 1944 à l’explosif avec le pont par les Allemands, qui entendaient ce faisant protéger leur retraite.

Sucre d'orge frappé de son sceau de fabrication. Photo: Les Soirées de Paris

Sucre d’orge frappé de son sceau de fabrication. Photo: Les Soirées de Paris

Mais le sucre d’orge a survécu et ce micro musée lui rend hommage. La confiserie était fabriquée par les Bénédictines avant la Révolution et sa recette faillit disparaître avec l’histoire. Heureusement qu’il y eut par la suite Soeur Félicité pour se souvenir de la recette et renouer dans le secret avec la tradition.

Un film nous montre que la fabrication est très artisanale avec un temps de cuisson inconnaissable même pour les services secrets les mieux équipés. Dans les années soixante-dix les sœurs ont dû quitter la ville et transmettre le flambeau à la famille Rousseau, Morétains depuis plusieurs générations. Bonbons et bâtons sont toujours issus d’un malaxage savant avant d’être frappés de leur juste sceau et d’être emballés à la main après découpage.

 

Voilà pourquoi lorsque le sucre d’orge coulait dans la gorge d’Annie elle était au paradis. Tout autre interprétation serait purement spéculative.

Le musée de Moret-sur-Loing. Entrée 2 euros, 1 euro pour les enfants. Photo: Les Soirées de Paris

Le musée du sucre d’orge à Moret-sur-Loing. Entrée 2 euros, 1 euro pour les enfants. Photo: Les Soirées de Paris

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2 réponses à Un bonbon pour le paradis

  1. MALDJI dit :

    Bonjour,

    Votre charmant article plein de saveur et d’Histoire m’a donné envie de le poster sur mon blog, ce d’autant plus que je connais bien Moret-sur-Loing et que j’ai visité son musée du sucre d’orge, petit mais ô combien grand par son contenu et ses richesses.

    Cordialement

    Zohra MALDJI

  2. martin dit :

    bonsoir
    Cet article redonne un coup de jeune à notre bon » sucre d’orge des religieuses de Moret sur Loing » vieux de plus de 350 ans mais toujours d’actualités grâce entre autres à sœur Félicité.
    Oh combien il adoucit la gorge et donne à Moret ses lettres de noblesse par votre intermédiaire.
    Merci encore
    f martin

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