A l’école de la forêt parisienne

aperçu de la forêt linéaire. Photo: PHB/LSDPCelui à qui l’envie prendrait d’aller jeter un œil à la toute nouvelle passerelle qui enjambe le périphérique à proximité de la Porte d’Aubervillers, ne manquerait pas d’être frappé, côté intérieur, à la non moins remarquable forêt « linéaire » qui sort à peine des fonts baptismaux. Des poteaux mesureurs ont été plantés afin que chacun puisse mesurer au cours des années à venir, l’évolution de cette mini-forêt. Ce quartier nord-est de Paris, autrefois lugubre et désormais habilement métamorphosé, mérite un petit détour.

Contrairement aux espaces verts situés en marge des boulevards extérieurs dans les années trente, cinquante et soixante, ceux-ci ont vocation à faire de la pédagogie écologique, ce qui sera décidément la marque de ce nouveau siècle. Sur quelques centaines de mètres tout est expliqué, parcelle par parcelle, plantation par plantation.

Ainsi, nos nouveaux paysagistes ont pris l’initiative a priori surprenante, d’implanter au milieu des jeunes pousses, un enchevêtrement d’arbres morts . L’effet n’est pas terrible mais l’explication ne se fait pas attendre. Sur un petit panneau, il est en effet mentionné qu’il s’agit d’une part « d’une évocation du cycle végétal » et que celle-ci n’est pas gratuite, puisque d’autre part, la décomposition de ces amas donnera à terme du bon « humus forestier ». Nous avons là affaire, sur quelques centaines de mètres, à un véritable parcours « pensé ». C’est ce que l’on pourrait appeler la végétalisation des consciences.

Les bois morts de la forêt linéaire. Photo: PHB/LSDP

Aspect de la forêt linéaire. Photo: PHB/LSDP

Il y a par par exemple une zone dénommée « éclaircie » et là non plus par pour du beurre, car il s’agit d’une « méthode de gestion de la densité des boisements » visant à « favoriser la croissance des plus beaux arbres en éliminant ceux qui leur font concurrence ». De quoi, pour les enfants du quartier, se faire une idée de ce que qu’est l’élitisme.

Mais pour la promenade en tout cas c’est réussi, d’autant que si on va vers l’ouest on peut enchaîner sur le mail Emile-Bollaert, nettement plus mûr et qui conduit bien agréablement nos pas vers la porte d’Aubervilliers.

On peut dire que cette ancienne zone d’entrepôts industriels a bénéficié des meilleurs soins. Il y a de la verdure, des perspectives, un grand square avec sa désormais obligatoire zone humide et le tramway encore tout neuf qui glisse en silence sur son tapis gazonné depuis la porte de la Chapelle jusqu’à la porte de Vincennes.

Le mail Emile-Bollaert. Photo: PHB/LSDP

Le mail Emile-Bollaert. Photo: PHB/LSDP

Ces zones vertes intercalaires qui ceinturent Paris sont très reposantes parce que populaires et paradoxalement sans « people ». On y cultive l’entre-soi en promenade, on y pique-nique, on y sort le chien ou les enfants, on y joue au tennis ou au football avec un sentiment mêlé de liberté et de légèreté que l’on ne retrouve pas forcément dans les parcs plus connus. C’est vrai et vérifié dans les lieux qui existent depuis plus longtemps, doublement bordés par les extérieurs et le périphérique. Et ce le sera sûrement ici, dans ce quartier nord-est flambant neuf que les habitants s’approprient progressivement.

PHB

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