Parlez-en à mon domestique

De même que l’on ne s’était pas vraiment rendu compte de ce qu’avait signifié l’arrivée des premiers répondeurs téléphoniques à bande magnétique, il en sera peut-être de même quand on repensera au débarquement début août de l’assistant domestique signé Google. La dépendance technologique a déjà fait beaucoup de chemin. Et chacun de suivre le mouvement, GPS en main.

L’engin ressemble de loin à un verre de bière brune dont la mousse n’aurait pas encore achevé sa rétractation. De près aussi sauf que ce drôle d’artefact clignote par le haut lorsqu’il est sollicité. Disons-le tout de suite il y a une chose à perfectionner au plus vite c’est la possibilité de choisir un prénom. Car la chose est à commande vocale et toute requête doit commencer par « OK Google », que ce soit pour lui demander la résolution d’une racine carrée où l’état de la circulation. Dans le film « Her » (1) décidément prémonitoire, le système proposait à l’utilisateur de choisir un nom. Le Google Home nous ferait la courtoisie de l’interpeller par James, Pedro, Macron où Mélenchon, cela pimenterait le service d’une once d’humour ou de défoulement.

Moyennant 149 euros, l’objet est censé répondre à nos désirs comme celui de régler le chauffage de la maison, diffuser nos musiques préférées où gérer nos rendez-vous de la journée. Les programmes sont encore assez simples mais nul doute qu’il ne s’agit que d’un départ et que les possibilités offertes vont se démultiplier. Dans les années 60 un certain Monsieur Gordon Moore qui devait devenir le patron du géant mondial des microprocesseurs Intel, avait élaboré une loi empirique qui postulait une progression exponentielle de la puissance informatique jusqu’à ce que les puces savantes en silicium n’occupent pas plus de place qu’un atome. De plus en plus performants, les calculateurs ne cessent d’imposer leur compétence depuis le temps déjà lointain où un ordinateur pouvait amener tout seul un Boeing à son lieu de destination.

Il devenait tentant dès les années 2000 d’imaginer un avenir où cette intelligence supplétive créée par l’homme allait se mettre au service de celui-ci pour ses besoins courants, y compris professionnels. Mais les calculateurs n’étaient pas encore assez puissants. Maintenant que l’on sait fabriquer des voitures autonomes, l’horizon des possibilités dépasse les cent quatre-vingts degrés. Et d’une certaine manière, ce progrès objectif, pose autant de questions qu’il en résout.

Il n’y a pas besoin de se référer à une étude quelconque pour constater que l’accoutumance technologique est en marche. Il suffit de se promener dans la rue et de compter tous ceux qui marchent les yeux baissés sur leur téléphone intelligent pour en arriver à la conclusion qu’il va être bien difficile de faire marche arrière dans la mesure où le volontariat en la matière devient phénoménal au sens le plus simple du terme.

La maîtrise est encore du côté du consommateur mais pour combien de temps. Les calculateurs font l’apprentissage de nos goûts, habitudes, déceptions, réjouissances, au point que la prochaine étape de l’appareil abandonnera l’inertie (ne fonctionnant qu’en cas de sollicitation) pour une suggestion amicale et pourtant hautement intrusive.

Lorsque votre assistant personnel scannera vos e-mails, vous les classera en fonction de la sincérité de leur contenu et vous proposera d’y répondre en fonction de vos intérêts, l’humanité viendra d’accéder à nouveau plateau. Prenez-donc soin de vos livres, ils pourraient vous être utiles au moment du sevrage.

PHB

(1) À propos de « Her »

 

L’assistant Google tel qu’exposé chez Darty au mois d’août

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Une réponse à Parlez-en à mon domestique

  1. Bertrand Marie Flourez dit :

    Personnalisé ou pas, les développements rapides en effet ne manqueront pas, peut-être même avant le « nouveau plateau » d’humanité. On pourrait même, pour le plaisir de parier bien sûr, se demander si la fonction ‘cirage de chaussures’ apparaîtra avant ou après ‘accorder le piano’ ; cela étant, et sans besoin de calculateurs très puissants, parions qu’elles seront après l’indispensable fonction ‘aller voter’ puisque la machine sera largement capable de le faire pour nous (économie de temps et d’argent), étant donné qu’elle connait – déjà – parfaitement nos goûts, consommations et opinions.

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