Entracte

Il est poli, lorsque l’on s’absente, de laisser un petit mot. Tel un concierge qui s’en va vaquer dans l’escalier B. C’est l’objectif du jour car Les Soirées de Paris font une pause pour les vacances de Pâques. Les parutions reprendront le 2 mai. Comment peut-on agrémenter le temps libre d’ici-là. Eh bien voici une suggestion. Si l’on regarde comment ont été conçues les dernières œuvres de Piet Mondrian, on s’amusera à constater qu’elles sont facilement reproductibles sur un tableur en utilisant les outils normalement dévolus à l’élaboration de savants graphiques ou calculs. L’image ci-contre, presque conforme à une des ultimes projections du peintre néerlandais, a été conçue par ce moyen. Mondrian n’utilisant plus sur la fin de sa vie que des couleurs primaires, il n’y a qu’à plus piocher dans la palette graphique et le tour est joué. Pour moins que ça on se prendrait pour un génie. Attention.

Mais l’actualité n’est pas à Mondrian. Un simple feu de charpente s’est transformé en drame national. Une fois passée une légitime émotion on a hélas assisté ces derniers jours à un de ces psychodrames dont la France a le secret et, selon un vœu présidentiel, c’est de surcroît parti pour cinq ans. Cependant, il n’est pas question ici ni de geindre ni de rajouter des arguments à la coulée de commentaires qui s’est déversée dans les médias. Dieu nous en garde. On relèvera par contre -sans alimenter la polémique donc- que le fondateur des Soirées de Paris avait fait de Notre-Dame, en 1915, un tout petit sujet. Deuxième « canonnier conducteur » Guillaume Apollinaire avait en effet repris à son compte la silhouette du monument gothique dans un de ses fameux calligrammes, afin de dire, « Souvenirs de Paris avant la guerre/ Ils seront bien plus doux après la victoire ».

Comme nous ne sommes, par définition, ni avant ni après mais ici et maintenant, relevons qu’il y aurait un poème à faire sur l’instant. Le vieux journaliste Léon Zitrone avait raconté un jour qu’il faisait durer ses conversations entre amis le plus longtemps possible car, tout le temps que le dialogue restait dans le « pendant », l’avant et l’après s’en trouvaient abolis. Sans jamais cesser de discuter ou de partager un moment, on peut ainsi cultiver sur une longueur remarquable, une belle idée d’éternité.

Pour en revenir aux joies du dévoiement d’un tableur et coller encore un tout petit peu à l’actualité, voici ci-dessous une Notre-Dame de Paris réalisée sur Excel. Un peu arrangée il est vrai, avec un logiciel de retouche d’image. Un résultat obtenu sans pinceau, sans plume, sans fusain, sans crayon, juste avec clavier et une souris sans fil. Bonnes vacances de Pâques chers lecteurs, chers contributeurs, et promis, on se retrouve le 2 mai.

PHB

 

 

 

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2 réponses à Entracte

  1. Didier D dit :

    L’oeuvre, parfois de genre masculin, parfois de genre féminin.
    Mais l’outil ? Toujours masculin, même au pluriel .
    Alors, dévolues ou dévolus ?

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