Beaux arts et gastronomie à Dijon

Le musée des beaux arts de Dijon a été un des premiers musée des beaux arts créé en France en 1799. Il est devenu le jour de sa réouverture le 17 mai dernier après 7 ans d’études et 10 ans de travaux, ce qu’on appelle un équipement culturel structurant, porteur pour la ville d’importants enjeux économiques et sociétaux. D’abord parce qu’il est un des rares musées (avec le Louvre) à être logé dans un ancien Palais, celui des Ducs et des États de Bourgogne en cœur de ville. Les murs des Palais d’époques différentes ont vu se succéder dans les lieux Philippe le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire et on peut avancer que les choix de la municipalité actuelle s’inscrivent parfaitement dans la lignée des ducs qui avaient fait de la Bourgogne un haut lieu de création et de rayonnement artistique y compris au plan de la gastronomie.

Les cénotaphes des ducs exposés dans l’ancienne salle des Gardes avec leurs célèbres cortèges de « pleurants » revenus sur place après une tournée d’exposition triomphale aux États Unis, à Berlin, à Bruges et à Paris font d’ailleurs partie des pièces maîtresses du musée et des marqueurs de son identité.

Mais transformer un ancien palais ducal avec ses ajouts successifs de nouveaux bâtiments au fil des siècles en un musée du moderne n’est pas chose facile. C’est tout l’art des deux architectes Yves Lion et Eric Pallot -pour les monuments historiques- d’avoir su valoriser un patrimoine bâti somme toute disparate et d’avoir su tirer parti de la situation en plein centre ville pour multiplier les échanges visuels entre le dedans et le dehors et mieux intégrer le musée dans la ville et inversement.

Le choix du parcours chronologique sur 4200 m2, un parti pris de scénographie qui associe dans une même salle peintures, sculptures ou objets présentés dans des vitrines, le travail de restauration de la plupart des œuvres (1500 pièces présentées) participent de l’attrait de la visite. Le parcours médiéval et Renaissance est exceptionnel tout comme le salon Condé, ou plus loin la salle des statues. L’agrandissement des surfaces d’expositions permet une présentation renouvelée de la donation de la famille Granville, une des plus belles collections d’art moderne avec Louis Marcoussis, Vieira da Silva, Nicolas de Staël, François Pompon (ci-contre), Georges Rouault, Étienne Hajdu, entre autres.

Le remaniement de l’ensemble des surfaces a permis la création d’une nouvelle galerie d’exposition temporaire dédiée à l’art contemporain, un incontournable, de nos jours. L’exposition inaugurale du plus dijonnais des artistes chinois Yan Pei-Ming, intitulée « l’homme qui pleure » en écho aux « pleurants » a pris place dans cette nouvelle galerie en rez-de-chaussée sur rue. L’artiste est également intervenu dans quelques salles des collections permanentes instaurant un dialogue, un échange avec les peintures des maitres qui l’inspirent. Il rend ainsi hommage à ses chers disparus avec des toiles immenses en noir et blanc pleines d’humanité où l’émotion est très présente.

L’ensemble du travail sur le musée prend sa véritable force avec la « piétonisation » des rues adjacentes sur 97 ha de l’ancien secteur sauvegardé rebaptisé « le quartier des arts » qui vient compléter l’aménagement de la place de la libération réalisé par Jean-Michel Wilmotte en 2006.

Les beaux arts sont inséparables de la gastronomie et de l’œnologie à Dijon et les Ducs ont donné le ton, si l’on en juge par l’importance des cuisines et communs du palais. Et là aussi, il semble que l’heure de la renaissance a sonné :

Les moutardes Fallot ont participé à la relance de la culture de la graine de moutarde, une culture traditionnelle qui avait été abandonnée au fil du temps. Dans le même temps a été obtenue une IGP (Indication Géographique Protégée) pour la toute nouvelle « moutarde de Bourgogne » fabriquée sur le territoire Bourguignon qui garantit l’origine des produits utilisés pour la fabrication : la graine de moutarde et le vin blanc Aligoté.

Bientôt la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin ouvrira sur le site historique de l’ancien Hôpital Général sur 1700 m2 pour inviter à la découverte du « repas gastronomique des français » « classé » au patrimoine mondial de l’Unesco. L’ancienne chapelle sera le lieu d’interprétation des « Climats du vignoble de Bourgogne » (1) «inscrits » eux, à ce même patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015. Le tout complété par des équipements hôteliers, commerciaux boutiques et restaurants.

En ville, passage obligé par « le Chapeau rouge » où le chef William Frachot vient de refaire entièrement les chambres et espaces d’accueil avec son architecte Frédéric Grosjean qui signe une décoration tonique, colorée et créative à l’image de sa cuisine de «trésors et de pépites». Ou encore plus simplement et dans une autre gamme de prix chez « L’Essentiel » où Richard Bernigaud fait merveille.

Aspect de Dijon

Ces belles expériences culinaires et artistiques achèvent de nous convaincre que Dijon et ses terres de Bourgogne, à 1h35 de Paris en TGV, sont à la veille d’une renaissance annoncée.

Marie-Pierre Sensey

*Le mot « Climat » ne doit pas tromper. Il ne se réfère pas à la météorologie mais correspond ici à un terme spécifiquement bourguignon qui désigne le terroir viticole.

Chaque Climat de Bourgogne est une parcelle de vigne, soigneusement délimitée et nommée depuis des siècles, qui possède son histoire et bénéficie de conditions géologiques et climatiques particulières.  Chaque vin issu d’un Climat a son goût et sa place dans la hiérarchie des crus (Appellation Régionale, Village, Premier Cru, Grand Cru). Les Climats sont 1247 à se succéder sur un mince ruban courant de Dijon à Santenay, au sud de Beaune, Parmi eux, des noms illustres comme Chambertin, Romanée-Conti, Clos de Vougeot, Montrachet, Corton, Musigny…

 

Musée des Beaux Arts de Dijon
Cité internationale de la Gastronomie et du vin (ouverture prévue en 2021)
Hôtel Restaurant Le chapeau Rouge Dijon. Deux étoiles au Michelin depuis 2013
Restaurant L’essentiel Dijon. Deux Bib au Michelin
Moutardes Fallot à Dijon et Beaune

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2 réponses à Beaux arts et gastronomie à Dijon

  1. Jacques Derouin dit :

    Bien joué, Marie-Pierre ! Ça donne envie

  2. Caroline Rives dit :

    La gastronomie est aussi à l’honneur à la Bibliothèque municipale de Dijon, qui entretient et valorise un exceptionnel fonds gourmand à travers son blog Happy Apicius
    https://happy-apicius.dijon.fr/

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