Les indulgences de FOG à l’égard de Sarkozy

Franz-Olivier Giesbert revendique sa position de journaliste aguerri  dès le départ de son livre sur Nicolas Sarkozy et il a raison. Ce serait particulièrement injuste de dire qu’il a, dans ce domaine, encore quelque chose à prouver. Le patron du Point se présente même comme un journaliste « connivent » et c’est une façon efficace, honnête, de mettre le lecteur à l’aise.

A vrai dire « M. le président » est un livre qui s’attaque avec gourmandise. De FOG on attend beaucoup et l’ouvrage commence plutôt bien avec la description d’une engueulade téléphonique hors normes de Nicolas Sarkozy reprochant à Giesbert d’avoir laissé passer dans Le Point, un article de Patrick Besson sur la nouvelle femme pour le moins libérée du chef de l’Etat. Excellente mise en jambes qui laisse augurer, pour la suite, du meilleur.

Hélas «M.le président» a été écrit trop vite et, surtout, il se lit très vite. Cela se ressent à des formules rapidement dégainées comme l’expression «il tuerait pour un bon mot» ou comme les «sourcils pompidoliens» de François Fillon qui font trouvaille une fois et défaut de relecture la suivante. Ce n’est au reste pas bien grave.

Ce qui est plus gênant pour ce journaliste, incontestable répétons-le, c’est que le livre se résume à une somme de commentaires, d’incidents et d’anecdotes et qu’il lui manque l’essentiel : des informations. Franz-Olivier Giesbert s’emploie à combler cette lacune par une certaine justesse de vue, une capacité d’analyse à angles multiples et des témoignages bien choisis qui font mouche à chaque fois. Faute d’enquête, ce portrait en creux apparaît en revanche bien servi. Double portrait au fond puisqu’au passage l’auteur se dépeint, comparant sa vision de l’existence à celle du président.

M. le Président, par Franz-Olivier Giesbert, chez Flammarion. Photo: PHB

Féroce Franz-Olivier Giesbert ? Non, l’ouvrage est même assez indulgent osons le dire, toujours par manque d’infos réelles. Que Nicolas Sarkozy ait un langage un peu vert ou traite particulièrement mal ses collaborateurs (des valises sans poignées…), oui bon, on s’en doutait un peu. FOG confesse en outre, comme pour atténuer le propos, avoir ressenti parfois une certaine tendresse pour ce personnage qu’il tutoie, lui reconnaît une certaine maestria dans la prise en mains de la crise financière et finit même par accorder à l’amateur de Coca Light et de bonbons Haribo une relative culture après un quizz serré.

Dommage pour les infos mais il y peut-être une raison à cela, une raison plus profonde qui transpire à travers les lignes et qui, finalement, donne de l’intérêt à l’opus. Sarkozy c’est d’abord de la « com », démontre l’auteur. Sans doute l’auteur aurait-il bien aimé muscler son livre avec un peu de fond. Soit il a mal cherché, soit il n’y en avait pas.

Post-scriptum : Franz-Olivier Giesbert a fait précéder d’une garniture chacun de ses chapitres ce qui réduit la minceur de l’ensemble. Mais elles sont bien trouvées. Afin de bien faire comprendre (mais qui n’est pas dans ce cas-là) que Sarkozy était prêt à tout pour être élu il a cité cette phrase de Henri Louis Mencken (journaliste américain mort en 1956) : «Il y a des politiciens qui,  si leurs électeurs étaient cannibales, leur promettraient des missionnaires pour le dîner».

M. le Président, chez Flammarion, 285 pages, 19,90 euros

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3 réponses à Les indulgences de FOG à l’égard de Sarkozy

  1. Witt dit :

    Si FOG est un journaliste incontestable, il nous avait déjà servi le même genre, peut être un peu plus féroce avec un livre sur Chirac, genre petites trahisons entre amis…

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