Rock sur Auron

Une bizarrerie samedi 23 avril en ce deuxième jour des Découvertes Rock au Printemps de Bourges, le chanteur et guitariste des Cracbooms a les cheveux propres. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais c’est sacrément gonflé, d’avoir le poil propre sur la scène du 22 Est/Ouest.

Retour donc dans le Berry, où le Printemps de Bourges vient à nouveau il y a quelques jours de jeter à la face du monde musical son puissant pouvoir d’animation en avant-première de la longue caravane des festivals qui va s’étaler pendant des mois. Il y avait les grand-messes reggae ou électro sous le chapiteau du  Phénix, 6.000 places tout de même, les Soirées de Paris ont fréquenté deux moments rock plus intimes. A savoir les Découvertes (ah les indispensables Découvertes du Printemps de Bourges!) du samedi et la soirée du dimanche, tout cela au 22, deux salles de 350 places officiellement collées l’une à l’autre.

Selon l’humeur du producteur on peut ou pas assister à l’ensemble de tous les concerts ou subir des horaires qui se chevauchent. Et c’est la course d’une salle à l’autre, quelques mètres semés d’embûches. La plupart des personnes présentes s’en moquent cependant, ils ne sont pas spectateurs des prestations sur scène mais professionnels de la profession. Ils ont le badge, le sésame. Ne pas avoir de badge au Printemps de Bourges, c’est être un peu nu. Les badges s’activent à la buvette, ils causent concerts à venir, contrats, promo. Stop. Le badge, je l’ai demandé, je ne l’ai pas eu.

Concrete Knives. Photo: Frédéric Loridant

Bourges, donc, sa majestueuse cathédrale Saint-Etienne, ses paisibles quais de l’Auron, son fantôme de Jacques-Coeur, et son Printemps, tour de chauffe des grandes pointures (Cali, Catherine Ringer ou Katerine cette année entre autres) ou laboratoire des éclosions de talents. Le 22 joue dans cette seconde cour. Côté label « Découvertes » rayon rock cette année, Cracbooms, donc, des Auvergnats qu’on dirait sortis du Bus Palladium ou du Golf-Drouot. Chantant en Français, beau pari, ils yéyétisent ce qu’il faut, respect au «piège à filles» de Jacques Dutronc oblige. Ces gamins, comme ceux de Transgunner ou de Concrete Knives, incroyables machines à danser, nous en mettent plein les oreilles, nous démontrent la vitalité de la scène française et l’expertise du réseau des Découvertes. John Grape vient nous offrir un moment de répit, c’est «Mid West romantic rock» à souhait, chemises à carreaux en prime.

Cascadeur. Photo: Hervé All

Dimanche soir, même lieu, un sérieux bataillon d’artistes dont on parle en ce moment. Cascadeur ouvre le bal. Combinaison intégrale blanche, casque de cosmonaute soviétique (pour l’étoile rouge), ce type nous amène en apesanteur avec un clavier (et quelques machines) et une voix d’or. Le retour sur terre sera brutal. Avec le Prince Miiaou, qui aura beau miauler il aura bien du mal à accéder au trône. La chanteuse crie mais on ne l’entend pas. Et ce n’est pas un souci de technique, plutôt irréprochable à Bourges. Passons quelques prestations vite oubliées pour découvrir Anna Calvi, sensation british qui monte, qui monte (jusqu’à la couv’ des Inrocks, non mais vous imaginez la consécration quasi-planétaire). Grosse claque, une voix profonde, un port altier comme on dit. C’est envoûtant, le 22 retient son souffle, une jeune Grande dame fait le show. Je pense respectueusement à Joan as Police Woman (à qui?!), d’autres disent PJ Harvey (ah, là d’accord dites-vous).

Miles Kane. Photo: Hervé All

 Mais vite, pressons, Miles Kane nous attend dans l’autre salle, le 22 Est en l’occurrence. Miles Kane, qui finalement nous aura attendus, c’est à 25 ans toute l’insolence du rock d’outre-Manche. Meneur par ailleurs des Last Shadow Puppets avec Alex Turner des Arctic Monkeys, Miles Kane est heureux d’être là et ça fait plaisir. On sautille et on croit deviner en coulisses les frères Gallagher qui tirent les ficelles. Mais non, ce morveux de Miles Kane a les épaules solides et mène sa barque dans une tempête de guitares. On ressort du 22, la pluie a cessé, cette nuit l’Union Jack claque au vent.

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Une réponse à Rock sur Auron

  1. Maryse girerd dit :

    Vos articles sont toujours tellement truculents que je vais cesser de les lire, ils mettent en exergue tout ce que je n’ai pas le temps de voir, d’ écouter! Mais, non..je ne vais pas pouvoir me priver de lire les « Soirées de Paris »..Trop bon!

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