L’homme qui vacille de bon matin

 

C’est un détail qui fait mouche dans le film de Jean-Marc Moutout, «De Bon Matin». Le personnage central, Paul Wertret, vient d’apprendre par courrier électronique que ses responsabilités sont amputées de moitié et le mail se termine par «Cordialement». Cet adverbe infernal qui permet aujourd’hui de conclure n’importe quelle vacherie par un clin d’œil amical.

Voilà un film qui n’est pas sans défauts mais qui reste largement recommandable.  Paul Wertret travaille dans une banque et la survenue de la crise financière de 2007 vient chambouler sa vie plutôt réussie jusque-là. Son supérieur lui apprend qu’il est en-dessous de ses objectifs et à partir de là, ce cadre plutôt supérieur flanche et tue deux de ses chefs. C’est par là que cela commence et «De bon matin» est l’histoire de ce dérapage.

D’abord le film est bien documenté ce qui n’est pas forcément évident dès lors qu’il s’agit d’industrie financière et du jargon qui l’accompagne. Ensuite cela montre qu’au-delà des quelques têtes dirigeantes que l’on a pu voir tomber aux Etats-Unis ou en Europe, il y a eu aussi des cadres intermédiaires qui ont dû régler la note d’un repas qu’ils n’avaient pas forcément commandé.

Ce sont les dégâts humains de la mise au pas, de la restructuration, des remises en question, des ajustements d’effectifs enfin, dont on soupçonne vaguement l’existence sans pouvoir vraiment en évaluer l’ampleur. Combien de cadres et d’employés ont-ils ainsi payé dans leur vie privée les inconséquences de leurs dirigeants à l’égard d’un marché financier qu’ils avaient confondu avec un casino où l’on gagnait à tous les coups?

Le seul défaut de Jean-Pierre Darroussin dans cette affaire c’est qu’il a l’air de sortir de ses précédents films et que cela se remarque. Mais après tout pourquoi pas parce qu’il reste très bon. Il est l’homme qui vacille celui qui va jusqu’à avouer au médecin du travail qu’il se met à avoir envie de pleurer tout le temps. Il est donc repéré par le système mais il est déjà trop tard.

Avec quelques légères longueurs en moins, c’était le sans-faute. Mais on n’en est pas loin et le mérite de cette histoire est de s’intéresser à ces cadres intermédiaires, ce fameux « middle-management » à qui il peut arriver parfois de sauter par la fenêtre ou de buter ses patrons.

Voir la bande-annonce sur Allociné.

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2 réponses à L’homme qui vacille de bon matin

  1. DIDIER dit :

    Très bon film , Darroussin y est remarquable comme d’habitude,je n’ai pas trouvé de longueurs dans ce film, mais il manque peut-être parfois de puissance, mais ce sujet qui n’était pas si simple à traiter est ici très bien documenté et crédible.
    Il serait dommage de ne pas aller voir ce film ….

  2. GIRERD Maryse dit :

    Daroussin de toutes façons, qu’il joue dans « Un air de famille » ou dans « Le poulpe » ou dans les films de Guédiguian, il est excellent..J’irai voir ce film, pour ma part. Cordialement!

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