J’avais pas mon gwenn ha du

Il y avait avis de gros temps sur l’Olympia à la mi-mai. «Les Bretons montent à Paris», nous avait promis la réclame. Parole tenue. Emporté par la marée de gros coefficient, j’étais allé communier Boulevard des Capucines. La procession se déroulait sur deux soirées, Soldat Louis partait à l’abordage du vaisseau parisien. Quel rassemblement en effet, quelle transhumance organisée en bande de cars depuis le lointain pays breton !

Zut, j’avais pas mon Gwenn ha du. Un emblème dont le grand modèle se porte sur les épaules, c’est le must, le moyen se secoue à bouts de bras, le petit est le cas échéant imprimé sur t-shirt. A défaut, il y a la marinière, autre signe distinctif ou manière de paraître. « Gwenn ha du », donc, « blanc et noir » en langue courante de la capitale, bannière herminée de la Bretagne. Ah, voilà, c’est plus clair.

Me voilà donc en ethnographe subjectif et complaisant en immersion au concert de Soldat Louis, groupe phare des années 80 qui visiblement reste d’actualité pour des milliers de fans. Les Lorientais m’ont refilé une agréable chair de poule. Après Rhum et Eau en première partie, un duo (Lorientais encore, ces merlus sont partout) qui vaut bien mieux, à force de sincérité pas prise de tête, que leur nom sans doute adopté suite à un pari perdu au cœur d’une dérive éthylique, quelque part entre Port-Louis et Lann Bihoué.

Débarquent les Soldat Louis, fringants papys du rock and roll qui causent de grand large ou de bistrot, «du rhum, des femmes et d’la bière nom de Dieu !». Le tout accompagné d’un incontournable air de biniou. Ca marche du tonnerre, fidèles de la première heure et jeunes recrues dodelinent (on aurait même vu quelques danseurs) au son de ces histoires de retour du matelot, celui qui après avoir essuyé quelques tempêtes aux Kerguelen a bien mérité le repos du guerrier. Et comme après une si longue attente même les Bigoudènes sont belles, la solidarité de comptoir s’exprime à plein. Les chansons à boire, c’est du solide, ce n’est pas le patron du bar de l’Olympia qui me contredira.

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Une réponse à J’avais pas mon gwenn ha du

  1. Ambroise Menou dit :

    Bien , bien vu.

Les commentaires sont fermés.