Roy Lichtenstein en pointillés éclaire Beaubourg

Tous ceux qui ne sont pas spécialistes de Roy Lichtenstein découvriront peut-être que cet artiste américain avait de l’admiration pour des pairs européens tels Picasso, Mondrian, Monet, Léger ou Matisse. Au point qu’il leur a rendu hommage au long de sa carrière en reprenant leurs œuvres à sa façon et il s’en justifiait, citant notamment l’exemple de Picasso retravaillant Velasquez.

Il s’agit de la sixième partie de cette exposition (réussie) qui en compte 10. Son triptyque inspiré de Monet à partir de la cathédrale de Rouen va plus loin que son adaptation de Mondrian. Ce dernier avait déjà poussé aux limites la réorganisation de l’espace plan si bien qu’il était difficile d’aller plus au-delà à moins de devenir fou.

C’est bien de pouvoir profiter de cette rétrospective géante car cela faisait bien longtemps mais chaque musée dit à peu près la même chose à propos de n’importe quel artiste.

N’importe quel artiste ne peut pas être plaisant de bout en bout et susciter des surprises par rapport à la plus ou moins vague idée que l’on avait de lui. C’est ainsi qu’en pensant Lichtenstein on a rapidement les pensées qui virent au jaune vif avec des motifs sphéroïdes en série en support. C’est donc un premier étonnement, au départ, que ces œuvres en noir et blanc des débuts, comme cette loupe ou ce poste de radio. Le déploiement chronologique d’une scénographie est toujours ce qu’il y a de plus sûr.

L’on retrouvera naturellement avec plaisir les toiles classiques qui nous disent forcément quelque chose puisque lui-même s’inspirait déjà de quelque chose (pub, BD…). Quant à ses motifs sphéroïdes qui évoquent le grain photo et qui trahissent maintenant sa parenté avec le pixel cubique dans ses motivations, on peut concevoir que c’était un tantinet casse-pieds à reproduire. L’exposition nous informe (pas les spécialistes de l’artiste bien sûr) que Roy Lichtenstein avait fini par se payer un assistant dans les années 60 pour les réaliser à sa place. C’est indéniablement un signe de réussite pour un artiste.

Sculpture en bronze (la pomme, 1981) de Roy Lichtenstein, actuellement exposé à Beaubourg. Photo: PHB

Une autre source d’étonnement jaillira des sculptures réalisées par cet enfant de Manhattan avec par exemple ce fruit représentant une pomme mais dont les stries noires évoquent davantage la banane. Son intérêt pour la sculpture est présenté comme « constant » et une indéniable maîtrise des trois dimensions se dégage de chacune tout en conservant intact le charme de ses peintures. Ses œuvres sculptées jettent à bas les préjugés faciles sur le pop art en général et Roy Lichtenstein en particulier et font qu’à ce niveau du parcours on ne s’ennuie toujours pas.

Viennent enfin ses nus, peu nombreux en regard de la centaine de pièces présentées. L’artiste était en 1993 dans la dernière ou l’avant-dernière partie de sa vie car il est né en 1923 et décèdera en 1997. Des jeunes femmes qui sortent de l’eau aux corps à la fois adultes et impubères et qui échangent un ballon sur une plage, l’intention ne manque pas charme, c’est l’une de ses dernières signatures, son style est bien là mais pas forcément le plus créatif. La seule chose qui s’impose de bout en bout c’est la marque, reconnaissable à trente pas. Comme un artiste qui ne se cherchait pas, Roy Lichtenstein avait trouvé son univers, déployé tout au long de sa carrière en pointillés bien ronds.

 

Jusqu’au 4 novembre.

Et regardez la bande-annonce elle est extra.

 

 

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4 réponses à Roy Lichtenstein en pointillés éclaire Beaubourg

  1. Un lien recensant les inspirations de Lichtenstein, les cases de comics qu’il a copiées et agrandies. Euh, citait-il ses sources ? http://davidbarsalou.homestead.com/LICHTENSTEINPROJECT.html

  2. Philippe Bonnet dit :

    Merci pour ces commentaires (précieux). A ma connaissance (limitée), il citait les grands dont il s’inspirait, de même que l’univers de la BD ou de la pub. Le faisait-il avec tout le zèle requis, c’est une bonne question. Le lien que notre premier commentateur publie à ce titre est très intéressant. PHB

  3. Bruno Sillard dit :

    WHAOOOOOOOOO!
    Fantastiiiiiic!

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