Louis Vuitton tout en squames

Détail de la Fondation Louis Vuitton. Photo: Les Soirées de ParisCinq minutes avant l’on se demandait si le bâtiment serait facile à trouver, cinq minutes après l’on en sourit encore, tellement l’ensemble saute aux yeux à deux cents mètres environ de l’entrée du jardin d’Acclimatation à Paris. Proche d’être inaugurée, la figure de proue de la fondation Louis Vuitton arrache des « ah oui quand même » à ceux qui la découvre pour la première fois. Dimanche 7 septembre, un joggeur interrogeait ses camarades de foulée: « ça représente quoi déjà » ? « Un bateau » lui était-il répondu.

Le site sera ouvert au public fin octobre. Son concepteur Franck Gerhy a derechef cédé à la mode de l’agglomérat cuirassé. C’est un hommage à sa propre mode puisque le musée Guggenheim de Bilbao est signé de la même encre du même architecte. De cette double réalisation résulte tout à la fois des évocations de carapace de crustacé, la peau du tatou, les plis du varan, l’armure espagnole, l’enveloppe de l’artichaut ou le mille-feuilles déconstruit. Un esprit chagrin pourrait aussi y voir le crash malheureux d’un escargot. Mais les lames finement courbées  sont cette fois  censées évoquer des voiles. Et le métal de Bilbao cède ici la priorité au verre.

La première impression est néanmoins favorable parce que la bâtisse provoque l’étonnement et cela c’est un bon point. La seconde révèle un léger problème de lumière : au petit jour en effet, les « voiles » sont un peu ternes. Un ciel plus contrasté en journée ou un bon éclairage interne en soirée devraient pouvoir arranger ça. Le succès sera certainement au rendez-vous. C’est ainsi que s’établissent les réussites. Le public est le vrai juge.

Cependant il faudra bien jour revenir aux lignes droites même s’il était sans doute nécessaire de faire une pause. Les squames savamment ourlés et ondulés n’égalent pas en effet ce que l’on faisait de mieux en lignes droites à l’époque de l’art-déco, du Bauhaus, mais aussi dans les  années cinquante et soixante. L’absence de géométrie externe a certes donné une identité forte au musée Pompidou-Metz (Shigeru Ban Architects et Jean de Gastines Architectes) mais son côté maison de Schtroumpf détonne davantage que s’il s’était agi de la structure d’accueil d’un parc d’attraction.

Honnêtement ce qui ressemble à beaucoup de choses y compris à une nef ne dépare pas le Bois de Boulogne. Il y a, mentionnons-le, un grand escalier descendant, dont les marches noires mènent vers l’intérieur et là oui, il y a une inspiration maritime évoquant l’accès à l’arche de Noé.

Il faudra mieux juger plus tard avec les éclairages idoines et voir aussi ce que cela donne depuis l’intérieur. Sans compter évidemment les futures collections qui seront exposées dans cet écrin de verre dont les voiles composées de quelque 3600 éléments sont désormais gonflées à bloc.

La Fondation Louis Vuitton au Bois de Boulogne. Photo: Les Soirées de Paris

La Fondation Louis Vuitton au Bois de Boulogne. Photo: Les Soirées de Paris

 

Fondation Louis Vuitton. 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris

Print Friendly, PDF & Email
N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Architecture. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Louis Vuitton tout en squames

  1. jmc dit :

    Un peu une cocotte en papier mal dépliée aussi. Sur la deuxième photo…

Les commentaires sont fermés.