André Derain cartes en mains

"quand Derain fait danser les cartes". Aspect de l'exposition. Photo: PHB/LSDPCela commence par l’histoire de « La boutique fantasque », créée par Diaghilev pour ses Ballets Russes en 1919, sur une musique de Rossini et chorégraphié par Massine avec des costumes signés André Derain. La réunion de ces artistes autour d’un même projet fait la trame d’une exposition très attachante au Musée Français de la Carte à Jouer à Issy les Moulineaux.

« La boutique fantasque » est un conte dont le synopsis ne peut que nous ravir à l’avance. Cela raconte en un seul bloc, l’entrée d’une famille américaine, d’une famille russe et deux anglaises, dans un magasin de jouets. Le marchand leur montre ses poupées mécaniques: danseurs de tarentelle, rois et reines de cartes à jouer ou encore danseurs de french cancan. Les américains veulent acheter le danseur de cancan tandis que les russes choisissent, dans la même rubrique, la danseuse. Las! Les deux poupées vont tomber amoureuses l’une de l’autre dans la nuit, alors qu’elles doivent être récupérées au matin par leurs acquéreurs. Toutes les autres poupées vont alors s’ingénier, par solidarité, à les soustraire de la transaction.

Bien que Diaghilev ait refusé de son vivant que son ballet fît l’objet de tournages, des films seront cependant réalisés plus tard. Dans une petite salle obscure, le musée nous livre de réjouissants extraits de l’un d’entre eux. Les séquences choisies nous donnent une bonne idée de ce que cela pouvait donner en 1919 et la gaieté qui en émane guérirait un neurasthénique militant.

L'un des costumes signés Derain. Photo: PHB/LSDP

L’un des costumes signés Derain. Photo: PHB/LSDP

La scénographie très concentrée de cette exposition se révèle d’une richesse étonnante tant elle juxtapose d’éléments d’une histoire à tiroirs multiples. Sa cohérence tient à son fil directeur matérialisé par les costumes de rois et reines créés par André Derain, à partir de cartes à jouer anciennes, c’est à dire en pied et non pas à double effigie.

Derain, amateur de cartes,  ne va pas se limiter à créer des costumes. Il va s’impliquer bien davantage dans le spectacle, la musique et la mise en scène. Il est bien émouvant de découvrir ici, les costumes des rois et reines impeccablement restaurés, par deux spécialistes de l’Institut du Patrimoine.  Ce sont ces tenues de scène à nouveau réunies qui ont tout déclenché. Elles ont été acquises en deux fois par le musée,  grâce à la ténacité de son conservateur Agnès Barbier, laquelle a longtemps mûri le projet de cette exposition enfin réalisée et qui va durer jusqu’au 10 juillet.

Sur plusieurs étages les découvertes sont multiples et l’une d’entre elles est justement la bienvenue, puisqu’il s’agit d’un film expliquant en détail, le patient travail de la restauration des costumes. S’ajoutent beaucoup d’éléments scénographiques accrocheurs comme ce portrait de Derain réalisé par Picasso.

L’exposition intitulée « Quand Derain fait danser les cartes » est non seulement à haute densité pédagogique en ce qu’elle nous apprend beaucoup sur la compagnie des Ballets Russes et l’univers de la carte à jouer, mais elle est aussi contagieuse. Elle donne tout à la fois envie de voir le fameux ballet en entier et de se rêver amoureux de l’épatante danseuse de french cancan en poupée mécanique.

PHB

Musée Français de la Carte à Jouer. 16 rue Auguste Gervais, Issy-les-Moulineaux jusqu’au 10 juillet

Présentées à l'exposition, les cartes ayant servi de base d'inspiration à Derain. Photo: PHB/LSDP

Les cartes ayant servi de base d’inspiration à Derain. Photo: PHB/LSDP

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Une réponse à André Derain cartes en mains

  1. tilly dit :

    et hop, un grand « petit musée » à rajouter à la liste d’Henri Calet !
    merci

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