« Juillet-Août » échappe (de justesse) à la malédiction des films d’été

Juillet-Août l'afficheLa chaleur nous pousse parfois à entrer dans une salle de cinéma au seul motif qu’elle est climatisée et avec le faible espoir de ne pas s’ennuyer. La salle du MK2 n’était pas climatisée ou alors si peu, mais le film s’est néanmoins laissé regarder. « Juillet-août » est l’histoire de deux jeunes filles assez douées pour commettre toutes les bêtises de leur âge. Laura a 14 ans et Joséphine 17. Elles doivent d’abord passer leurs vacances dans le sud avec leur mère puis en Bretagne chez leur père. Le fil quelque peu distendu du scénario engendre quelques faiblesses et longueurs, mais au baisser de rideau, le compte y est. De justesse.

Il faut dire que le casting soigné compense les manques. Le réalisateur Diastème a notamment su convaincre Patrick Chesnais et Pascale Arbillot de participer à l’aventure. Lui est le beau-père qui accueille les deux jeunes filles dans le sud. Elle, joliment révélée dans « Parlez-moi de la pluie » du duo Bacri-Jaoui, est sa compagne. Tout le film est basé sur la confrontation entre des adultes et deux adolescentes qui n’ont pas la langue dans leur poche. Et dans le premier volet cela fonctionne plutôt bien, de quiproquos en répliques drolatiques. Sobre, fin, sensible autant que blasé, Patrick Chesnais est le mât qui fait voguer Juillet-Août, bien aidé en cela par Pascale Arbillot.

Comme une cohabitation même mouvementée ne fait pas une histoire, le réalisateur a inclus dans son affaire une histoire d’amour entre l’aînée Joséphine et un beau garçon un peu voyou qui l’implique dans un vol de collier. Le suspense induit par ce bout de fait-divers est très tolérable. Pour compléter la mesure, on apprendra aussi que la mère est tombée enceinte à 47 ans. Et il faudra, on le comprend vite, se contenter de ce plâtrage scénaristique qui laisse par trop filtrer ses faiblesses dans la seconde partie du film.

Luna Lou. Photo: Mathieu Morelle

Luna Lou. Photo: Mathieu Morelle

De l’agitation réussie du début on passe donc à une seconde partie qui déroule d’autant plus ses longs méandres que les bonnes répliques, avec la disparition de l’effet de surprise du début, s’épuisent un peu . Comme le personnage joué par Patrick Chesnais  est resté du côté d’Antibes, il n’y a plus que Luna Lou pour tirer le film jusqu’à la fin. Il faut dire que c’est une trouvaille. Indisciplinée, rebelle, insolente, provocante enfin,  elle force l’adhésion. Elle est sortie d’un lot de vingt cinq candidates retenues pour le casting. Pour Diastème elle était « exactement le personnage » qu’il avait écrit. Le réalisateur a été séduit par une « une gamine belle comme tout, haute comme trois pommes, avec la voix de Simone Signoret », capable de faire cinquante prises « avec la même énergie ». Elle est étrangement le modèle réduit, physique et  caractère inclus, de l’actrice Camille Cottin vue dans la série télévisée « Dix pour cent ».

Juillet-Août est au final assez représentatif de la vie moderne, concassé, avec suffisamment de réussites et de maladresses pour faire de nous des spectateurs indulgents et plutôt coopérants avec l’idée générale. Pour une sortie un 13 juillet ce n’est pas si mal. Pour éviter une partie de Scrabble un soir de pluie en Bretagne, c’est l’idéal.

PHB

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2 réponses à « Juillet-Août » échappe (de justesse) à la malédiction des films d’été

  1. philippe person dit :

    Cher Philippe,
    vous êtes plus indulgent que moi… Si vous voulez voir un film français estival réussi, sympa, sans prétention, avec de bons comédiens… Je vous recommande « Parenthèse » sorti mercredi que j’ai chroniqué sur le site Froggy… et qui, à ma surprise, fait l’unanimité de la critique… Pour une fois que je ne suis pas un vilain gros canard !
    Allez-y, franchement… c’est frais !

  2. Je m’élève contre l’idée de la « malédiction des films d’été »!
    Car je viens de voir le dernier film du maitre du cinéma anglais Stephen Frears, « Laurence Foster Jenkins », basée sur l’histoire vraie d’une célèbre dame de la haute société newyorkaise des années 30 s’obstinant à se croire soprano malgré l’évidence.
    On se souvient que l’an dernier, Xavier Giannoli avait transposé l’histoire et le personnage dans la France des années 20 sous le titre de « Marguerite ».
    Ne serait-ce que la comparaison entre les deux films se révèle savoureuse, sans compter bien d’autres choses …
    Tout comme est savoureux le film américain de Whit Stillman « Love and friendship » adapté d’une nouvelle de jeunesse de Jane Austen….
    Pad de malédiction, donc….

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