L’Officiel des Spectacles en toute prudence

L'Officiel des Spectacles. Photo: PHB/LSDPOn l’avait presque oublié mais la disparition de Pariscope a déclenché un effet de rappel: le cœur de l’Officiel des Spectacles bat toujours. Né après la deuxième guerre mondiale, l’hebdomadaire se permet même un rafraîchissement en enrichissant un peu sa formule. Pour un euro il nous replonge en tout cas dans l’enfance tant sa présentation est globalement immuable tandis que son contenu limite encore au strict minimum ses appréciations.

De même que l’on aurait mal vu, au temps des PTT,  un annuaire donner un avis sur la qualité des abonnés au téléphone, l’Officiel des Spectacles était dans le même registre à peine plus qu’un organe de renseignements sur la vie des spectacles parisiens. Soixante-dix ans après le lancement en septembre 1946, rien n’a changé, à quelques chroniques près qui s’aventurent en orbite haute de la sphère critique. Le ton très sage se cantonne juste au-dessus du neutre. Il y a bien le « choix de la rédaction » parmi les pièces de théâtre (et dans les autres rubriques) mais tout est dans le titre. La liste qui suit se borne à résumer le sujet et à indiquer un lieu. C’est d’ailleurs là en résumé tout le fond éditorial de l’hebdomadaire : l’indication, toutes les indications, rien que les indications. Tout le reste n’est que littérature laissée à la « grande presse ».

En toute prudence, une certaine information complète cependant l’indication. Ainsi pour le film « Snowden » qui vient de sortir sur les écrans, l’Officiel dans ses pages « Nouveaux films », fournit sobrement le contexte. Il y est expliqué comment Mark Snowden, l’organisateur des fuites de renseignements secrets prélevées au cœur d’une agence de sécurité américaine a pris contact, par l’intermédiaire de son avocat, avec le monde du cinéma pour tirer un film de son aventure. Mais l’Officiel n’émet pas de jugement de valeur. Il ne fournit que l’aide technique à la décision. De même qu’un « zoom » pleine page nous éclairera davantage sur le parcours de Ken Loach. Mais pour les analyses savantes, il faudra voir ailleurs. De ce point de vue, l’Officiel ne fait pas d’ombre à la concurrence.

Aperçu de la mise en page. Photo: PHB/LSDP

Aperçu de la mise en page, inchangée depuis des années. Photo: PHB/LSDP

Ce qui ne manque pas de frapper c’est la mise en page, quasi-inchangée depuis les années soixante-dix. Particulièrement dans les pages cinéma, nous avons affaire à deux colonnes séparées par une gouttière bien blanche. Le symbole de l’interdiction aux moins de dix-huit ans n’est plus là que pour la galerie. Et l’Officiel précise aux étourdis « que les horaires précèdent toujours le film ». La mention est assortie d’un point d’exclamation ce qui assez extraordinaire dans cet organe par nature flegmatique. Un certain nombre de gens ont dû se tromper.

Sa fonction de recension est bien utile et pas seulement pour les spectacles. C’est en effet vers la fin du journal que la rubrique « conférences » se tient. Sur une semaine, après un rapide comptage, il y aurait environ une centaine d’événements sélectionnés « pour leur compétence et leur sérieux ». La plupart des conférences sont itinérantes. Par exemple pour celle des « Passages couverts », le rendez-vous est fixé à dix heures devant les grilles d’entrée du Conseil d’Etat.

A noter enfin qu’il est clairement précisé en haut de page de la fin du journal  que les rubriques « restaurants » et « cabarets et dîners-spectacles » sont publicitaires. Le souci de l’information apparaît ici dans toute sa rigueur.

PHB

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4 réponses à L’Officiel des Spectacles en toute prudence

  1. philippe person dit :

    Cher Philippe,
    permettez-moi de « rectifier » vos affirmations.. Si, l’Officiel a changé…
    Quand j’allais en projection de presse, jusqu’à l’année dernière, il y avait des « critiques » de l’Officiel des Spectacles. C’est eux qui établissaient le résumé (très scrupuleusement et dans un style d’une étonnante clarté) des films qui sortaient et l’agrémentaient d’une ligne de commentaire en gras, elle aussi très bien faite et faisant comprendre à qui voulait comprendre ce qu’il fallait vraiment penser du film…
    Je vous assure que les attachés de presse les traitaient bien mieux que certains journalistes de la profession qui se croient des stars parce qu’ils passent à la télé ou ont leur rond de serviette au Masque. Car ce petit commentaire en gras avait une importance primordiale, notamment pour des « petits » films sans réputation, dont ils étaient les seuls à dire mot.

    Pour économiser les toutes petites centaines d’euros qui leur étaient attribués, mes amis, parmi lesquels il y avait de vrais et de fins connaisseurs de la matière cinématographique et de vrais plumes, sont remplacés par un résumé provenant du dossier de presse ou du distributeur et passé à la moulinette d’Allo Ciné. Il n’y a plus de rédacteurs à l’Officiel, plus de journalistes donc… Encore moins de spectateurs pour les films sortant sans campagne de pub ou plan média…

  2. NataliaDryll dit :

    L’officiel est l’incontournable hebdomadaire à avoir dans son sac, surtout quand le téléphone est déchargé ou la connexion internet déglinguée; J’adooore !

  3. Marie F. Laborde dit :

    Pourquoi les fans de Pariscope ne s’y retrouvent pas dans « l’officiel » et inversement?
    Pariscope c’est fini, il augmentait à peu prés tous les mois ces derniers temps et sa fin s’annonçait. Fin d’une époque, il va falloir que j’arrive à m’y retrouver dans « l’Officiel »!

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