Motoko in the shell

Comme il est dit en substance dans le film, « si on veut tuer un renard, on n’envoie pas un lapin ». En conséquence quand le patron diabolique d’une usine de cybernétique veut éliminer « Le Major », combattante hors-normes interprétée par Scarlett Johansson, il lui envoie son char d’assaut aux allures de crabe mécanique. « Ghost in the Shell » est tiré d’un manga dont l’auteur, Masamune Shirow, a pour postulat significatif de produire de la science-fiction crédible.

« Ghost in the Shell » suit le remarquable opus en dessin animé sorti il y a près de dix ans et dont on attend au passage une version remasterisée. L’histoire est un peu complexe mais abordable. « Le Major » -Scarlett-n’a plus que son cerveau comme élément d’origine. Son enveloppe corporelle et les ingrédients qui la composent sont artificiels. Le docteur Ouelet (Juliette Binoche) a été jusqu’à lui reconstruire une mémoire comportant des souvenirs bidons. Elle est considérée non comme une humaine mais comme une arme chargée (à double titre) de mettre de l’ordre dans le secteur 9, lieu de tous les dangers. Au fur et à mesure que le film avance, « Le Major » apprendra à déceler son vrai passé, à trouver sa « vraie » mère et aussi son prénom d’origine: Motoko.

Selon ce que l’on peut lire sur le web sous la plume des « fans », le réalisateur anglais n’aurait pas trahi le propos d’origine. A une différence près cependant: dans le dessin animé l’anatomie du personnage est nettement plus sexuée que celle de Scarlett Johansson dont les formes réputées ravageuses sont pourtant soulignées au limites de la décence dans ce film qui vient de sortir en salles.  Comme elle semble lointaine la douce Charlotte filmée par Sofia Coppola dans « Lost in translation ». « Le Major » est une femme singulièrement déterminée et quand elle doit se battre, elle ne fait pas dans le détail pour déchiqueter à la mitraillette humains, semi-humains et robots à part entière.

Dans sa version dessin animé

A vrai dire, hormis les scènes de guerre parfois un peu longues et fatigantes en raison d’éclairages syncopés, l’univers science-fictionnel est assez réussi. Les  geisha-bot ou les escort-bot (totalement artificielles donc) sont assez convaincantes en vénéneuses poupées électro-mécaniques. La scène ou « Le Major » est happée jusqu’à la noyade par des êtres qui veulent lui soutirer ses programmes internes est un vrai cauchemar. L’ambiance générale avec ses publicités en trois dimensions, ses ruelles crasseuses, ses bars glauques, ses aéronefs étranges, rappelle un peu »Blade Runner » de Ridley Scott, une des références du genre.

On aurait pu craindre le ridicule mais le réalisateur a su (de justesse) éviter les ornières d’un genre qui s’apparente pour beaucoup à un jeu vidéo. Comme toujours quand il s’agit de l’avenir, ce sont souvent les auteurs qui se trompent le moins, de Jules Vernes jusqu’à George Orwell pour les plus anciens. De ce point de vue il n’y pas de quoi pas sourire, notre surlendemain n’est pas avenant. Il y a beaucoup d’hologrammes au casting et l’on ne peut évidemment s’empêcher de songer à la prestation récente du candidat Jean-Luc Mélenchon qui tenait meeting en deux endroits différents grâce à l’usage d’un hologramme-maison. Le jour où « il » viendra sonner à toutes les portes en même temps est proche. Bientôt nous enverrons nos propres hologrammes voter, faire les courses ou badiner avec l’hologramme de la femme du voisin.

A ce titre, il vaut mieux pour le moral, voir « Ghost in the Shell » comme un simple film d’aventures et non d’anticipation. Mais on sait bien que les progrès techniques actuels sont irrésistibles. Il vaudra mieux prendre le maquis le moment venu, autre thème convenu de la science-fiction mais non exploré ici.

 

PHB

 

 

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Une réponse à Motoko in the shell

  1. En espérant que les hologrammes ne prendront pas le maquis eux aussi…

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