Du temps de Jean Borotra au Luxembourg

Lawn tennis au jardin du Luxembourg. Source image: SénatAu début du 19e siècle, dans le jardin du Luxembourg, une allée est réservée aux amateurs du lawn tennis. En tenue étudiée, ils amènent tennis et raquettes pour s’adonner à leur jeu. Selon le site du Sénat, cette arrivée n’est pas forcément bien vue puisque « plusieurs personnes sont blessées par des balles, de jeunes ouvriers d’une usine voisine chapardent celles qui sortent des limites du terrain, des altercations se produisent entre joueurs et se terminent par des filets coupés ».

Mais le tennis gagne toujours ainsi que dans les Jardins des Serres d’Auteuil pour lesquels le premier ministre Manuel Valls a apporté il y a une semaine « le plein du soutien du gouvernement » quant à l’établissement aux côté des serres d’un stade de tennis de 5000 places (1). Ce faisant, avec l’exaltation et l’énervement qui font sa marque, il piétinait les plates-bandes des promeneurs et singulièrement celles de Ségolène Royal, sa ministre de l’écologie, qui avait manifesté ses réserves à l’égard des dommages à venir sur ce site classé.

L’histoire ne se répète pas, elle bégaie, c’est bien connu. Au Luxembourg, après la guerre de 1914/1918, la pratique du tennis connaît comme ailleurs un succès croissant. Mais faute d’aménagements ad hoc, des ruisseaux se forment et le terrain devient un partenaire invisible en prêtant aux balles des rebonds inattendus.

Les joueurs protestent jusqu’à ce qu’en 1938, l’un des quatre mousquetaires du tennis français, Jean Borotra, investit sa prime de fin de carrière pour l’aménagement de vrais courts de tennis au Luxembourg. Les questeurs du Sénat accordent une autorisation pour la construction de six courts et Jules Jeanneney, président de l’institution, les inaugure le 11 juin 1939.

Il est vrai qu’actuellement, ces courts font tellement partie du paysage que plus personne n’y trouve rien à redire. Le jardin est suffisamment grand pour que toute le monde cohabite en paix. Reste que la construction aujourd’hui d’une vaste enceinte de béton à proximité du bassin aurait peut-être soulevé des protestations d’autant que les people, aussi nombreux dans le coin que rapides à monter au créneau, n’auraient sûrement pas laissé faire. Auteuil c’est loin et les jardins des Serres d’Auteuil aiment à cultiver, c’est le cas de le dire, l’anonymat.

PHB

 Ma tribune en faveur de la préservation du jardin des Serres d’Auteuil, publiée sur Libération. fr

Tennis en hiver au jardin du Luxembourg. Photo: PHB

Tennis en hiver au jardin du Luxembourg. Photo: PHB

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3 réponses à Du temps de Jean Borotra au Luxembourg

  1. person philippe dit :

    Ah ! Les tennis du Luxembourg ! Le seul endroit où l’on était sûr de ne pas trouver les forbans du parc… Les Gabriel M., Les Benoît J… Les Roland J… Pauvres rescapés de Deligny qui ont longtemps établi leurs nids d’aigle en quête de nymphettes autour du plan d’eau…
    Torse nu, crâne lisse, sans un poil de graisse, Gabriel était à l’affût… Air plus titi malgré ses antécédents bressono-durassiens, Benoît rêvait d’une nouvelle Judith ou d’une prochaine Isild les jambes allongées sur une chaise que je convoitais…
    Quant à Roland, il se compliquait la tache en cherchant l’oiseau rare eurasienne, la Japonaise lectrice de Cioran ou la Coréenne amatrice de réglisse…
    Alors, pour m’éloigner de ses énervants, je m’installais face aux tennis… Avec un mépris affiché pour celui qui ratait ses services et qui m’avait volé la petite journaliste de Libé… qui, depuis, victime d’un énième plan social joffrino-demorandesque, doit fréquenter le bac à sable du parc Monceau ou les petits chevaux du Ranelagh…
    Et Grodaznovitch me dira-t-on… Celui-là, c’est un cas spécial… et c’est une autre histoire…

  2. Cher Philippe Bonnet,
    en tant qu’auteure de la pétition SAUVONS LES SERRES D’AUTEUIL qui recueille aujourd’hui plus de 63 000 signatures, votre tribune sur les Serres d’Auteuil publiée dans LIBE m’est allée droit au cœur. Nous avons repris votre expression de JAD!
    Les nombreuses associations luttant pour le Projet alternatif d’extension de Roland-Garros sur la bretelle de l’autoroute A13 organisent leur PREMIER RASSEMBLEMENT SAMEDI PROCHAIN 21 MARS A 15 H avenue Gordon Bennett!!!!!!!!!!! Nous serions heureux de vous y voir.
    Quant à Borotra, savez vous qu’il fut très actif sous Vichy pour éliminer les sportifs d’origine juive?
    Bien chaleureusement,
    Lise Bloch-Morhange, porte parole du Comité de soutien des Serres d’Auteuil

  3. person philippe dit :

    Pour compléter et rectifier ce que dit Lise, Jean Borotra, proche de Doriot, a bien dirigé le sport français pendant la triste époque de Vichy… Mais il s’est heurté avec l’occupant qui lui reprochait son piètre zèle dans l' »aryanisation » (désolé d’employer un mot aussi laid) du sport français… et il a fini par être emprisonné par les Allemands après avoir tenté de passer en Afrique du Nord en 1942.
    Cela ne pardonne pas tout,mais s’il a été maréchaliste comme tant d’autres, et qu’il a certainement été conduit à accomplir quelques saloperies, il n’a pas attendu que les choses tournent mal pour les nazis pour comprendre sa tragique erreur

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