Dijon et ses secrets oubliés

Au musée de la vie bourguignonne. Photo: PHB/LSDPA le voir ainsi de prime abord, l’appareil ressemble davantage à une machine à pomper l’âme de la malheureuse qui en est coiffée, mais non. Il s’agit plus bêtement d’un dispositif « moderne » de coiffure au sens où l’on l’entendait il y a quelques bonnes dizaines d’années. C’est l’une des surprises celées au Musée de la vie Bourguignonne à Dijon, vieux monastère qui vaut le détour une fois assouvis les mille plaisirs de la ville.

 

Ce musée de la vie Bourguignonne échappe à l’ennui qui prévaut généralement dans les enceintes qui se targuent de vous faire découvrir les arts et les traditions populaires locaux. Sur trois étages l’agencement général, chronologique, fait que l’on s’y distraie bien plus qu’attendu, une fois passée la découverte extérieure de ce monastère des Bernardines qui vivaient là jusqu’à la Révolution, entourant de leurs soins dévoués les orphelins de la ville.

L’une des capitales du bon vin, de la gastronomie et aussi de la moutarde, a bien des charmes à faire valoir mais il serait bête d’ignorer ce musée qui se situe un peu en périphérie des circuits balisés.

Au premier étage l’on y découvre les aspects de la vie populaire d’avant la Révolution et les scènes dressées à l’ancienne sont si bien faites que parfois, l’impression d’être transporté au sein d’un tableau de Vermeer, ajoute une grâce à l’objectif purement instructif.

La reconstitution des magasins d’antan déclenche chez le visiteur un enchantement d’enfant que ce soit, on l’a vu, au sein d’un salon de coiffure plus vrai que nature, ou encore à l’intérieur d’un magasin alimentaire ou d’horlogerie.

Publicité pour les cycles Terrot. Photo: PHB/LSDP

Publicité pour Terrot. Photo: PHB/LSDP

Si les musées sont des lieux de mémoire, il y a un sujet particulièrement réjouissant traité entre ces vieux murs, c’est celui qui évoque l’épopée de l’industrie Terrot. Jusqu’au tout début des années soixante cette marque oubliée était pourtant fort connue pour fabriquer des bicyclettes, des motos et même des poussettes. Le musée en raconte toute l’histoire notamment à travers les affiches qui vantaient les produits de l’entreprise avec un sens de la communication assez moderne. Les belles réclames mettaient systématiquement en avant une jeune femme d’allure impertinente et émancipée. Elle toisait le siècle du haut de sa selle et particulièrement les autres moyens de déplacement qu’étaient le train, l’avion ou la voiture. La thématique récurrente consistait à la présenter au sortir d’un tunnel faisant la nique à une locomotive. Par la suite c’est surtout à l’homme en moto, grisé de vitesse, qu’échouera ce rôle sur des affiches au design dynamique. La femme, si elle n’est pas sur son vélo, n’y est plus que passagère. En 1922, une affiche la voit cependant triomphante, portant une moto à bout de bras depuis sa bicyclette. Mais la moto restait aux garçons, la femme ne dépassant pas, du moins sur les pubs, le stade du cyclo-moteur.

Ce monastère des Bernardines n’est peut-être pas un objectif suffisant pour rallier Dijon en moins de deux heures, mais il complète bien agréablement les autres motivations. D’autant que la capitale de la Bourgogne s’est depuis peu métamorphosée avec un centre-ville entièrement piétonnier et des lignes de tramway toutes neuves. On a en outre cette satisfaction supplémentaire de déambuler le ventre toujours plein de bonnes choses et l’esprit grisé par les différents « climats » de Bourgogne, c’est à dire les près de 1500 terroirs qui donnent aux alentours une réputation internationale.

PHB

Dijon, la place de la Libération. Photo: PHB/LSDP

Dijon, la place de la Libération. Photo: PHB/LSDP

NB: Pour qui viendrait dans les environs pour le vin et plus spécialement autour des Hospices de Beaune, il conviendra d’être vigilant et de bien tester les vins avant de les acheter. L’auteur de ces lignes a déjà enregistré une magistrale déconvenue en 2003 avec un Pommard acheté sans le goûter à Beaune. Et nous avons heureusement essayé avant de renoncer, quelque chose qui nous a été présenté comme un Aloxe Corton 2011 mais nous laissant sans voix tellement il était insipide. A noter que les restaurants (sauf un) dans lesquels nous sommes allés à Dijon nous ont toujours servi d’excellents vins.

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