La Canopée en phase d’atterrissage sur les Halles

Alors que les Halles se préparent jour après jour au démarrage en fanfare du chantier qui occupera les oreilles des riverains jusqu’en 2016, le Pavillon de l’Arsenal expose depuis quelque temps la Canopée, le projet architectural sélectionné pour se substituer à la configuration actuelle des lieux.Le plus ronchon des parisiens conservateurs devrait pouvoir en convenir : l’idée retenue est ambitieuse. L’exposition en exprime les plus infimes tenants et aboutissants sur deux niveaux, le premier permettant d’avoir une vue plongeante sur la maquette géante en bois. Mais pour se faire une idée la plus nette possible de ce qu’il adviendra du site actuel, le mieux est de regarder les simulations photographiques qui ont les honneurs de la cimaise.

Simulation de la future Canopée exposée au Pavillonde l'Arsenal. Illustration Patrick Berger et Jacques Anziutti-Architectes/Studiosezz.com. Photo: PHB

 Vue en plongée avec assez de distance, la Canopée (1) évoque le vaisseau interplanétaire de «Independance day», tellement elle est large, tellement elle donne davantage l’impression de s’être posée, d’avoir littéralement  atterri sur les Halles.

Les textes explicatifs qui jalonnent le parcours du visiteur, assez idéalisants dans le ton mais il faut bien être un peu vendeur, évoquent la nécessité qu’il y avait à réaménager l’un des ports d’entrée majeur dans Paris, au croisement de multiples lignes ferroviaires souterraines.

Par conséquent l’on comprend mieux ces allures de méga hub aéroportuaire où les humains figurés ont le plus souvent la taille de fourmis. Très en vogue, la transparence est omniprésente dans le projet conçu par l’architecte Patrick Berger. Il y a dans cette affaire une vision futuriste affirmée comme celles qu’ont portées en leur temps les aéroports d’Orly et de Roissy.

Mais politique affable oblige, comprendre raisonnée, équitable etc…, perce aussi avec évidence ce côté édénique que les projets architecturaux à échelle réduite s’efforcent de toujours faire ressortir. Nous vous construisons le pays du bonheur est-il inscrit en filigrane.

Simulation de la future Canopée exposée au Pavillonde l'Arsenal. Illustration Patrick Berger et Jacques Anziutti-Architectes/Studiosezz.com. Photo: PHB

 On ne peut que s’incliner devant l’ampleur et la générosité du projet d’autant que l’addition, comme au restaurant, n’interviendra qu’à la fin : huit cents millions d’euros.

Cependant, dans son édition du 5 février le Parisien ne se montrait pas extatique à l’égard de la Canopée alors que le permis de construire est, mentionne le quotidien, toujours en vadrouille dans le circuit des procédures. Le journal fait notamment mention de l’abattage de 340 arbres (remplacés à terme par 478 autres, c’est le verre d’eau pour faire passer la pilule), des deux hectares qu’occuperont les bâtiments du chantier et de la «ligne info» chargée de renseigner les riverains sur la nature et la durée des nuisances. Pour la destruction des pavillons dits Willerval au deuxième semestre 2011, le concert des marteau-piqueurs s’étagera de 7 à 11 heures du matin…

Le précédent chantier datait de 1973 et le regretté magazine Zoom en avait même fait sa couverture. Les Halles actuelles n’auront donc pas vécu longtemps. Patrick Berger peut légitimement s’interroger sur la durée de vie de la Canopée, du moins lorsque la mode sinon le dogme du durable aura perdu en intensité.

http://www.pavillon-arsenal.com/home.php

(1) Définition : étage supérieur de la forêt

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5 réponses à La Canopée en phase d’atterrissage sur les Halles

  1. Jeannette24 dit :

    Vous êtes-vous demandé à quoi servait le grand toit qui constitue la pièce maîtresse de la Canopée ? Pour les deux pavillons sur le côté, on comprend : ils contiendront des commerces, des commerces, des commerces, et au-dessus quelques équipements (conservatoire, bibliothèque, etc.). Mais le toit ? Vu son orientation plein ouest et sa conception en entonnoir, on peut d’ores et déjà prévoir qu’il soufflera dessous un vent à décorner les vaches, et qu’il sera très peu propice à abriter des animations, d’autant que l’espace ne s’y prête guère, avec des galeries de circulation au rez-de-chaussée et une terrasse relativement réduite au niveau -1 (et peu abritée par un toit qui, pour permettre le désenfumage, a dû être percé de fentes qui, les jours de vent, laisseront passer la pluie, sans parler du tapage que fera pluie et vent sur la verrière…). Quant à la place Basse, les pompiers ont expliqué qu’il serait impossible d’y organiser quoi que ce soit car il faut laisser l’espace libre pour l’évacuation du centre commercial et de la gare RATP en cas de sinistre. Alors, à quoi servira ce grand toit, à part pourrir la vie des riverains et usagers du site pendant des années pour le chantier, obliger à ravager la moitié du jardin pour installer la cité de chantier, coûter les yeux de la tête au contribuable ? Tout ça parce que Delanoë n’a pas le courage de reconnaître que ce projet est parti en dérapage incontrôlé dès 2004, et n’ose pas avouer à la face du monde qu’il serait plus raisonnable de se contenter de faire la gare souterraine et d’arrêter tout le reste, jusqu’à ce qu’il ait réussi à obtenir un financement plus décent par Unibail, grand gagnant de cette atroce gabegie…

  2. Philippe Bonnet dit :

    Merci de votre réaction et de vos informations complémentaires. PHB

  3. Denis dit :

    Bonjour
    Pour compléter votre article, je vous suggère de visiter le site : http://www.projetleshalles.fr/ qui propose des vues photographique en temps réelles pour suivre l’actualité des travaux des Halles.
    Vous y retrouverez aussi des informations sur la vie des habitants du quartier et la façon dont ils vont vivre la rénovation.

    Nous avons aussi un groupe Facebook où nous publions tous les articles qui parlent des travaux et des Halles : http://www.facebook.com/projetleshalles

  4. Ping : L’addition de la Canopée joue les crêpes flambées | Les Soirées de Paris

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