Fin annoncée des navettes pour les têtes tatouées des Maoris

La restitution le 9 mai prochain d’une tête maorie par le Muséum d’histoire naturelle de Rouen au musée Te Papa à Wellington en Nouvelle Zélande est à saluer. Il aura fallu pas moins de 5 années de débats «éthiques, scientifiques, politiques et juridiques» pour y arriver. Ce qui n’est pas tellement honorable.

Les 15 autres têtes détenues par d’autres musées français devraient suivre, dans le courant de l’année 2012, conséquence logique (et décente) d’une loi votée en mai 2010 par l’Assemblée nationale.

Cela fait quelque 30 ans que le musée Te Papa Tongarewa de Wellington a entrepris des démarches pour le rapatriement des têtes maories auprès de nombreux pays qui ont répondu favorablement sauf la France.

Dessin © Delphine Zigoni Muséum de Rouen

Pour résumer Christine Albanel alors ministre de la culture s’y oppose en 2007 au nom de l’inaliénabilité des œuvres alors qu’une cérémonie de restitution était programmée suite à un délibéré municipal rouennais. En juin 2009 le Sénat vote une loi favorable au retour de la tête en Nouvelle Zélande et reçoit le soutien de Frédéric Mitterrand, nouveau ministre de la culture qui déclarera que l’on ne «construit pas une culture sur le trafic» mais sur le «respect et sur l’échange». Un an plus tard l’Assemblée nationale fait diligence dans le même sens que le Sénat et le directeur du Musée de Rouen, Sébastien Minchin, qui a pris à cœur le sujet, peut fixer une nouvelle date de restitution à nouveau votée par la mairie de Rouen.

Les musées français regorgeant d’objets dont la provenance et les conditions d’acquisition, pourraient être discutées sur le plan moral, cette restitution peut être de fait être considérée comme honorable et on peut le souhaiter, extensive.

Une vue vidéo de la tête maorie du musée du Rouen.

Post-scriptum : Les Maoris sont réputés habiter la Nouvelle Zélande depuis le VIIIe siècle. Ils sont estimés aujourd’hui à 600 000 individus. Dans l’histoire les Maoris de haut rang étaient tatoués. Les têtes tatouées des guerriers morts au combat étaient conservées pour être vénérée. Jusqu’au moment où il était considéré que l’âme du défunt était partie. Elles étaient alors inhumées. Objets de curiosité et de négoce, les têtes maories ont fait l’objet d’un trafic douteux de la part des occidentaux. 320 restes humains ont été restitués sur les quelque 500 dispersés dans le monde.

PS: Pour ceux qui ont leurs habitudes sur Facebook, Les Soirées de Paris y ont leur annexe: Les Soirées de Paris 1912/2112.

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