Fabuleux mariage de matières et couleurs pour le Guggenheim

De retour d’un périple en direction de Saint-Jacques de Compostelle, ne manquez pas de vous arrêter à Bilbao pour visiter l’audacieux Musée Guggenheim conçu par Frank Owen Gehry et inauguré en 1997. Un architecte avant-gardiste à qui l’on doit (entre autres) la cinémathèque française au parc de Bercy. Vu sous l’éclatant ciel bleu de l’été indien, l’édifice est tout simplement magnifique.

Le Musée joue avec habileté du dénivelé de cette capitale du nord de l’Espagne. Il adosse  ses quelque 24 000 mètres carrés de surface d’un côté au niveau du fleuve (la ria NerviÓn qui coule à 16 mètres en contrebas), de l’autre à hauteur du pont (de La Salve) qui l’enjambe en direction des monts Artxanda, un pont habillé de  formica rouge par l’artiste français Daniel Buren. L’exploitation du relief autorise d’étonnantes compositions de volumes, tous reliés entre eux. Certains sont de forme octogonale, d’autres tout en courbes ou en torsions : c’est la marque de fabrique de cet architecte américano-canadien.

Vue du musée Guggenheim à Bilbao. Photo: Guillemette de Fos.

Le monument utilise à profusion  le verre et le titane. Le premier pour habiller ses murs-rideaux et donner une incroyable  transparence à l’intérieur de l’édifice ; le second pour recouvrir les panneaux du monument de sortes d’écailles de poisson, leur conférant  l’aspect carapace recherché.  Le côté métallique des parois reflète le ciel et se mire dans l’eau. Un peu comme au parc de La Villette.

Sur l’esplanade du Musée, face au grand escalier débouchant dans le vestibule, Jeff Koons a posé  sa gigantesque et débonnaire tête de chat (ou de chien) fleuri naturellement. De l’autre côté, en contrebas,  l’étrange araignée « Maman » de feu Louise Bourgeois érige ses  hautes pattes en bronze (9 mètres), offrant son ventre généreux garni d’œufs –cailloux à qui veut bien lever les yeux. 

Oeuvre de Jef Koons devant le musée. Photo: Guillemette de Fos.

Une fois parvenu à l’intérieur du bâtiment, le visiteur est stupéfié par sa hauteur (55 mètres), que souligne d’emblée la verticalité des  trois structures monumentales rouges symbolisant « La victoire de Samothrace », ainsi  que par le flot de lumière qui illumine l’espace. Trois niveaux de galeries (la seconde était en travaux lors de la visite) s’articulent autour d’un atrium central, communiquant entre elles via des passerelles suspendues au plafond et des ascenseurs vitrés. Horizontalité et verticalité ici s’additionnent : on s’imagine être dans  « Le cinquième élément » du cinéaste Luc Besson ! 

Le Musée offre au total  11 000 m2 d’espace d’exposition distribué en neuf galeries de formes  octogonales ou  biscornues mais toujours d’un volume tel que seules les œuvres d’une certaine dimension y prennent avantageusement place… Ainsi, le tableau « Rouge Klein » ( ?), exposé dans le cadre du Salon sur l’abstraction picturale nous a paru  relever du timbre poste écarlate…  Seules, les 7 sculptures  en acier de Richard Serra – « La matière du temps » – exposées au Musée de façon permanente – ce n’est pas un hasard – utilisent au mieux l’espace proposé,  offrant  au visiteur d’étonnantes perspectives lorsqu’il  se déplace autour et à l’intérieur de ces œuvres grand format.  Des sculptures  à la mesure de ce bel  mais exigeant écrin…

Le pont sur la Salve habillé par Daniel Buren. Photo: Guillemette de Fos.

 Le site web du Musée (en français).

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