La femme indienne s’émancipe le Petit Palais en parle

De nature essentiellement documentaire les 108 photographies exposées autour des femmes indiennes qui prennent leur destin en main valent un détour au Petit Palais. C’est une banque qui est à l’origine de cette manifestation baptisée «elles changent l’Inde». BNP Paribas trouve ici une (bonne) façon de célébrer, en partenariat avec l’agence Magnum et Reporters sans frontières, ses 150 années d’activité dans ce pays d’Asie méridionale.

Six reporters photographes sont réunis pour nous montrer des femmes ayant choisi de ne pas borner leur horizon aux tâches ménagères où à la réclusion. On les voit chauffeurs dans une compagnie de taxi réservée aux femmes «For she», engagées dans le micro-crédit ou l’organisation de la collecte de déchets, policières ou vigiles avec des photos d’Alex Webb plutôt remarquables ou encore impliquées dans la vie locale après avoir intégré les Panchayats (les conseils municipaux) à la faveur d’une loi de 1992.

Mugi Ben Rabari de la communauté nomade Rabari, réputée pour ses fines broderies. Village de Khardiya. Photo: Martine Franck/Magnum

Mais il y aussi les portraits surprenants de femmes indiennes au top de la hiérarchie des entreprises, banques ou compagnies pharmaceutiques comptant des milliers d’employés. Correctement légendés (c’est l’avantage de la photographie documentaire), ces tirages nous apprennent par exemple comment l’une d’elles a monté sa propre société à partir d’une levée de fonds. Magnifique de style et d’élégance est aussi Karuna Nundy, avocate à la Cour suprême, photographiée par Olivia Arthur.

Un trait commun à la plupart des photographies exposées est constitué par le chatoiement des couleurs inconnues sous nos latitudes, que ce soit celui des habits ou du décor dans lequel a été faite la prise de vue. Dans cette scénographie, les rares hommes tiennent un rôle secondaire, ce qui accentue le propos de l’ensemble et l’idée que la femme peut exercer des métiers autrefois dévolus au monde masculin, notamment dans le milieu cinématographique local, impeccablement cerné par Alessandra Sanguinetti.

Cette démonstration est singulièrement porteuse d’espoir dans un pays où les fameux et atroces crimes d’honneur, tortures et assassinats liés au carcan des castes, émaillent encore trop souvent les faits divers de la presse. Un contexte qui confère à ces femmes ayant su s’émanciper, un mérite supplémentaire et sans doute, dans certains cas, de la bravoure.

Au Petit Palais jusqu’au 8 janvier 2012

 Un article de Libération sur les crimes d’honneur en Inde (2010).

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