Omar Sy, fidèle au pote

Une carrure d’athlète (1,90 mètre), un rire gargantuesque et communicatif en  provenance  d’une bouche à fréquenter les bars à sourire, une décontraction à décrisper les plus coincés, Omar Sy vient avec « Intouchables » de franchir un cap : passer d’humoriste estampillé banlieue à star de ciné en voie de « césarisation ».

Il faut dire que le film hilarant dans lequel son naturel crève l’écran a engrangé plus de 5 millions d’entrées en moins de deux semaines, les spectateurs devant s’y reprendre à plusieurs fois pour le visionner…

La recette de ce géant Colgate qui rit comme il respire ? «Je ne garde jamais une joie, je l’exprime». Et la joie, c’est d’abord entre potes de banlieue qu’il la cultive. Né à Trappes en 1978 au sein d’une fratrie de huit enfants d’une mère mauritanienne et d’un père sénégalais, Omar est issu de la même cité que celle de Jamel Debbouze, son aîné de trois ans qu’il connut au lycée par petit frère interposé. C’est d’ailleurs à ses côtés qu’il débute à Radio Nova en 1996, une radio découvreuse de talents dans laquelle il fait connaissance un an plus tard de son complice Fred Testot. Omar et Fred deviennent alors inséparables et leur duo comique s’épanouit à Canal + avec Le Visiophon puis avec Le Service Après Vente des émissions – un spectacle que la chaîne cryptée débite (en clair) tous les soirs sous forme de sketches dans le cadre du Grand Journal. Des blagues souvent lourdingues mais dont s’inspirent volontiers les jeunes pour animer leurs vidéos de noces. 

En parallèle à sa carrière d’humoriste, Omar tâte du film et donne de la voix. Il prête ainsi son timbre caverneux à la sonorisation de dessins animés (comme Le roi de la glisse), de jeux vidéo (Tomb Raider Legend) ou de courts métrages (Logorama). Il s’essaye également au cinéma, soit avec Fred (La tour Montparnasse infernale tournée en 2000, Seuls Two en 2008, La loi de Murphy en 2009), soit sans lui (Le raid, Le boulet, La beuze…). Il s’agit de rôles secondaires dans des réalisations de seconde zone. En 2006, Eric Toledano et Olivier Nakache le font tourner dans Nos jours heureux, puis en 2009 dans Tellement proches. C’est la troisième belle rencontre d’Omar après celle de Jamel et de Fred, puisque le duo de réalisateurs va lui confectionner un costume à sa mesure en 2011 en lui confiant le rôle de Driss dans Intouchables (où l’excellent François Cluzet fait office de faire valoir). Pas étonnant dès lors qu’Omar rende un hommage ému aux deux cinéastes : «Toledano et Nakache m’ont toujours tiré vers le haut en me filant des rôles très intéressants. Ils me connaissent tellement bien…». Echanges de bons procédés, sa connaissance hors pairs des quartiers l’a légitimé à contribuer au script. «On a beaucoup échangé sur la banlieue au stade de l’écriture», révèle avec modestie le tchatcheur dans une interview à Studio Cine Live. 

Avec ce film déjà culte, où riche et pauvre, chacun dans son rôle, troquent condescendance et pitié contre respect, Omar Sy  peut prétendre au César du meilleur acteur. Il y impose une présence, un sens de la répartie, un rire tonitruant, un style décontracté qui plaisent aux jeunes – qu’ils portent mocassins des villes ou capuchons des banlieues. Les plus âgés aussi semblent séduits par cet exemple rassurant issu de turbulents faubourgs…

A lui d’enrichir sa palette, de diversifier  ses compositions pour devenir un acteur «bankable»sur le marché du cinéma. Ses prochaines prestations seront scrutées à la loupe : Mais qui a re-tué Pamela Rose ?, de Kad Merad et Olivier Baroux, Les seigneurs d’Olivier Dahan où il aura pour partenaires Jean-Pierre Marielle, Gad Elmaleh, Joey Starr et José Garcia… Apparemment il se moque bien de sa carrière du moment qu’il prend du plaisir à jouer. Et tant pis si le succès n’est pas là, ce sera autant de temps libéré pour voir grandir les carottes et les salades de son potager ! Car s’il est resté fidèle aux Yvelines, Omar a troqué Trappes pour installer sa maison dans une banlieue plus chic, Montfort-L’Amaury.  

Et puis le comédien dispose d’autres cordes à son arc que le grand écran. On a pu le vérifier dans Intouchables et le vérifier en direct sur le plateau d’On n’est pas couché de Laurent Ruquier sur France 2 : il aime autant danser que vanner, même s’il est encore loin d’égaler Mikael Jackson sur le premier point.  Avoir perdu une dizaine de kilos à  porter tous les jours le (faux) tétraplégique François Cluzet n’a fait que renforcer sa prestance et sculpter son anatomie. 

A l’état civil, Omar Sy est marié depuis l’été 2007 avec Hélène, attachée de presse dans la musique (on comprend mieux certaines scènes culte du film de Philippe Lioret !), sa compagne depuis quatorze ans dont il a déjà quatre enfants. Aux noces, Canal + était représenté en masse avec Fred, Jamel Debbouze.  Joey Starr, qui à son tour cartonne dans Polisse, et la chanteuse Diam’s faisaient également partie de la fête. Est-ce l’amour fou qu’il dit porter à sa femme ou bien sa culture musulmane qui exclut qu’on puisse voir un jour Omar tourner nu sur un plateau ? «Je serais obligé de refuser le meilleur rôle du  monde s’il nécessitait un déshabillage intégral» s’est-il confié à Magazine Première.  

La fidélité au pote reste la marque de fabrique de l’humoriste au diamant à l’oreille. Quant on l’interroge sur l’éventualité d’un futur one man show, sa réponse fuse : «La scène, c’est avec Fred ou rien !». De quoi conforter le comparse, en droit de s’alarmer d’une divergence de trajectoire suite au fabuleux succès d’Intouchables… Mieux, il semblerait que les deux lascars réfléchissent de concert à un nouveau spectacle très différent de SAV «leur premier bébé». Un premier bébé que ce papa poule dit flipper à la seule idée d’abandonner…

 

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Une réponse à Omar Sy, fidèle au pote

  1. Bruno Philip dit :

    Omar Sy est très bon dans les jours heureux. Dans intouchables il est meilleur encore dans les quelques passages dramatiques qui le révèlent.

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