Le grand Canaletto monte à Paris

Venise est une ville enchanteresse mais Canaletto en la peignant sans relâche pratiqua une surenchère géniale. Ses vues (vedute) de Venise  vont en partie se déplacer au Musée Maillol du 19 septembre au 10 février. Voilà ce que l’on peut appeler sans exagérer un événement de rentrée.

Cinquante œuvres seront présentées en tout sur les cimaises de l’hôtel Bouchardon rue de Grenelle. Cinquante seulement mais qui devraient suffire à transporter le visiteur dans le Venise du XIIIe siècle (Canaletto a vécu de 1697 à 1768). Giovanni Antonio Canal de son vrai nom n’a pas son pareil pour peindre et dépeindre Venise. On lui a reproché une certaine froideur dans son traité, notamment par rapport à l’un de ses contemporains Francesco Guardi (1712/1793), mais l’argument est discutable.

Veduta del Molo dal Bacino di San Marco; Huile sur Toile, 54 x 71 cm; Milan, Pinacoteca di Brera ©Su concessione del Ministero per i Beni e le Attività Culturali

 

Avec Canaletto, nous sommes introduits dans cette Venise dont il a peint de si nombreuses perspectives, parfois depuis une gondole aménagée comme un studio. Et il s’aidait de surcroît de cette camera obscura  qui permet de mieux reproduire les perspectives.  Grâce à la Soprintendenza al Polo Museale de Venise, il sera possible de consulter le fac-similé de cette chambre optique qui était elle-même dérivée de l’instrument utilisé par le Caravage. On situe actuellement l’invention de ce procédé ayant contribué plus tard à l’arrivée de la photographie à plus de 1000 ans en arrière et on l’attribue  à un scientifique arabe.

Avec cette technique, le plus célèbre des vedustiti italiens ne s’est néanmoins pas appliqué à reproduire parfaitement Venise. En effet il n’hésitait pas à modifier les perspectives si cela pouvait contribuer à améliorer l’ensemble.

Indépendamment des considérations techniques ou historiques, il faut aller voir Canaletto au Musée Maillol tout simplement parce que ses peintures sont merveilleuses avec une luminosité, un éclat uniques. Comme ses vues de Londres mais c’est surtout vrai pour Venise, il y a cette lumière, cette plénitude qui nous irradient en douceur, il y aussi ces tout petits personnages qui habitent littéralement les toiles, contribuant aussi à nous transporter dans ce qui ressemble si fortement à un instant rêvé.

L’Ile de Murano, huile sur toile, 66 x 127,5 cm, Saint Petersbourg, Musée de l'Hermitage

 

A partir du 19 septembre

PS: Et pour la confrontation Canaletto/Guardi, nous signale un lecteur bien avisé, cela se passe au musée Jacquemart André depuis le 4 septembre. Perturbantes similarités.

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