Juxtapositions à la galerie Thaddaeus Ropac

Dans les tableaux de David Salle, il y a un lien imposé entre la partie supérieure et la partie inférieure malgré des styles très opposés. L’étage au-dessus est abstrait celui-dessous représente souvent une femme comme saisie au moment où elle quitte la pose, du moins selon Catherine Millet qui préface le catalogue de cette exposition organisée à la galerie Thaddaeus Ropac dans le Marais.

Ce qui nous fait déjà deux œuvres en une mais il faut en rajouter une troisième car l’effet de contraste est renforcé par la présence  des œuvres de Francis Picabia disparu en 1953 soit à peu près au moment où David Salle (prononcer Salli) est né.

David Salle à la galerie Thaddaeus Ropac . Photo: Les Soirées de Paris

Certains, attirés par Picabia, en profiteront pour découvrir David Salle et inversement, d’autres auront sans doute le regard initié de ceux qui connaissaient déjà le rapprochement voulu par le premier entre les deux. Pour l’américain David Salle, il y a au moins un point étonnant et donc séduisant chez Picabia, c’est que les toiles de celui qui fut l’ami d’Apollinaire en son temps sont souvent construites avec de multiples entrées ce qui est justement le propos du premier, originaire de l’Oklahoma.

Cette exposition est recommandable dans cette belle galerie de la rue Debelleyme, qui offre une luminosité quasi-parfaite, c’est à souligner. La distance qu’autorise ce large espace est également parfaite pour apprécier les toiles de David Salle dans lesquelles Catherine Millet détecte tout comme pour Picabia, le « trouble sexuel » qu’elles déclenchent. Certaines œuvres présentes de Picabia étaient inspirées d’imageries érotisantes bon marché en vente dans les années quarante.

Oeuvre de Francis Picabia à la galerie Thaddaeus Ropac . Photo: Les Soirées de Paris

Les peintures de David Salle ne sont pas seulement soutenues par des femmes aux poses sensuelles parce qu’apparemment abandonnées mais aussi par des masques grossiers issus de l’univers Disney. Dans tous les cas, Catherine Millet se demande s’ils flattent le « mauvais goût que l’amateur d’art le plus raffiné n’a pas expulsé du tréfonds de lui-même, » ou s’ils ne nous hissent pas « dans une catégorie paradoxale du beau ». Il faut se procurer le petit catalogue si bien fait de cette expo si bien faite et le conserver précieusement chez soi avec l’idée de refaire une visite privée de la galerie dans le silence de son propre salon.

La galerie.

 

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