Liberté en titre

Le dernier de RSf pour la liberté de la presse. Photo: Les Soirées de ParisLa liberté de la presse ne doit ni se discuter ni se négocier comme cela peut arriver en France même, pays seulement classé 39e par Reporter sans Frontières (RSF) en ce qui concerne ces questions essentielles. L’achat du dernier volume de « 100 photos pour la liberté de la presse » se fait au réflexe comme celui qui consisterait à prendre une carte de résistant ou comme acte purement civique.

Et donc pour 9,90 euros voilà l’objet en mains. C’est le photographe Peter Lindbergh qui apporte sa contribution ornementale cette année à travers ses portraits de femmes célèbres. Il dit avoir « la plus grande admiration » pour ceux qui se battent quotidiennement « contre les abus de pouvoir, l’égoïsme et l’hypocrisie partout dans le monde ». Il s’adresse à ceux qui risquent leur vie pour « le fondement même de la démocratie, la liberté de la presse ».

C’est l’inconvénient de la démarche RSF depuis de nombreuses années. Elle entretient en effet le public dans l’idée que le journaliste anonyme est quelqu’un qui vit essentiellement sur les terrains les plus difficiles en croisade perpétuelle pour le droit à l’information. Pour ce qui est des quelque trente mille cartes de presse en France nous sommes loin du compte et il vrai que personne ne rend jamais hommage à ces soutiers de l’information, prolétaires du feuillet, qui ne fréquentent ni les champs de bataille ni les plateaux télé.

C’est tout l’avantage du rapport annuel de RSF en revanche, que de maintenir étroite sa focale sur les pays où l’exercice de l’information provoque en vrac des tracasseries, des passages à tabac et jusqu’à des exécutions comme on l’a vu récemment en Syrie. Il y a des pays comme ça où le journalisme nécessite un courage que nul n’est sûr d’avoir avant d’être lui-même mis à l’épreuve. Entre assister à une conférence de presse au pavillon Gabriel et franchir une ligne de démarcation dans la mire des snipers, il y a une différence qu’il est bon de rappeler.

Uma Thurman par Peter Lindbergh dans le dernier ouvrage de RSF. Photo: LSDP

Uma Thurman par Peter Lindbergh dans le dernier ouvrage de RSF. Photo: LSDP

Ce n’est pas drôle de constater que la France n’est pas dans les cinq premiers, ni les dix ni les vingt. La loi de 1881 sur la liberté de la presse, toujours en vigueur, autorise autant qu’elle encadre la liberté d’informer. A l’époque de cette loi, la France était peut-être le premier pays au monde par le nombre de ses quotidiens ou à égalité avec les Etats-Unis. La santé de sa presse magazine tricolore, encore enviable, camoufle la déchéance de sa presse quotidienne nationale réduite à peau de chagrin.

Les pressions politiques dans l’hexagone sont très supportables par rapport aux pays en queue de classement de RSF. La santé précaire des journaux français ayant déséquilibré le rapport de force qui prévalait avec une partie de leur économie c’est à dire la publicité, a pu engendrer ici ou là quelques dérapages matérialisés parce qu’il convenu d’appeler le « brand content », c’est à dire un pseudo article dûment sponsorisé.

Ce dernier rapport détaillé de RSF nous informe que la Finlande fait la course en tête depuis 2009. Le pays compte deux cents journaux dont trente quotidiens. Le secteur s’auto-régule, y apprend-on, via le Conseil des mass-média (CMM) et tout citoyen peut saisir cette instance laquelle peut « diligenter des enquêtes et formuler des réprimandes ». C’est ainsi que 92% des Finlandais lisent la presse papier.

On pourra raisonnablement se détendre en parcourant les photos de Peter Lindbergh qui a su trouver des angles étonnants pour des visages et personnalités aussi différents que Uma Thurman ou Audrey Tautou.

« Pour la Liberté de l’information » donc, 9,90 euros chez les marchands de journaux qui restent.

Photo: Les Soirées de Paris

Photo: Les Soirées de Paris

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2 réponses à Liberté en titre

  1. Bruno Sillard dit :

    Je suis bien d’accord avec le papier. Effectivement, pourquoi en Finlande la presse marche et pas en France ? C’est la the question. On compte 180 journalistes à Libé avant licenciements. Mais est-ce que la qualité éditoriale du journal reflète un effectif conséquent ? La crise n’est-elle qu’une crise de pub qui ne vient plus. Possible mais avec un effectif global de Libération est de 250 salariés, il en reste 80 pour la diffusion, la pub, sans doute des postes techniques… Bref, tout ça ressemble fort à des airs connus. Pas lerche cette partie. Je me souviens, à l’époque je travaillais au Matin de Paris, pour la foire aux Livres de Brive la Gaillarde, un événement très parisien à l’époque. Le journal sortait un supplément spécial pour l’occasion, on ne le trouvait pas à Brive… Trop compliqué à envoyer. No comment !

  2. Anne Archen Bernardin dit :

    Sauvons les plumes……… Sauvons les gens révoltés qui pensent…….. Avant que ……….

    J’ai pleuré en entendant les news, les attentats, les gestes de ces gamins qui sont repartis dans leur école, aujourd’hui, après ce acte inqualifiable du mois dernier…..150 gamins et adultes fauchés…..On se croirait aux jours les plus noirs de Charly-Oradour………… Des Lorrains et des gens du coin enfermés et brûlés vifs, comme dans le vieux fusil….j’ai pleuré encore, décidément, en regardant l’excellentissime portrait de Laurent D; consacré à Philippe Noiret……..
    Un moment rare et précieux……Je me disperse, comme d’habitude, comme la lumière qui se décompose en arc en ciel, à travers une goutte de rosée, enflammée soudain par un éclair froid dans le petit jour……

    Tschüsssssssssssss

    Bzzzzzzzzzzzzzzzzzz

    Annnnnnnnnnn

    Qui remercier pour les 3 extrits de romans, fa bu leux!!!!!!!!!!!

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