Le pavillon de l’Ermitage attend sa nouvelle feuille de route

Le pavillon de l'Ermitage. Photo: PHB/LSDPLorsque la duchesse d’Orléans décide de fuir sa belle-mère avec laquelle elle cohabite dans le château de Saint-Cloud, elle acquiert en 1729 la maison de Bagnolet qu’elle fait transformer en coquet château, lequel s’étendait à son apogée sur près de quatre vingt hectares dans l’actuel quartier parisien de Charonne. De cette époque fastueuse, il ne reste plus qu’un pavillon que la Mairie de Paris, remet en lice, afin d’en faire un usage nouveau au même titre que 23 édifices du même genre dont l’exquise folie de Bagatelle. Grâce à l’association des Amis de l’Ermitage (le nom du pavillon), il est possible de visiter ce lieu un peu émouvant quand même et de découvrir l’histoire du château sur de grands panneaux chargés d’explications suffisantes pour mettre en branle notre imagination.

On apprend ainsi qu’un ruisseau courait quelque part alentour provoquant ainsi chez le visiteur une nostalgie de ces ruisseaux inconnus que Paris n’a pas su conserver. On peut aussi imaginer toutes ces fêtes organisées par la noblesse oisive d’avant la Révolution comme le biribi (loterie). Les occupations de la duchesse sont « ludiques » rejoignant ainsi par un piquant clin d’œil la mode actuelle d’une municipalité centrée sur le « festif ».

Plus tard, en 1787, le baron de Batz installera sa maîtresse dans le pavillon de l’Ermitage où il ourdira par ailleurs un certain nombre de complots dont les tentatives pour sauver Louis XVI ou Marie-Antoinette de leur fin funeste. Le parc voisin, en friche, lui servira à fuir en septembre1793, alors que sa maîtresse, la comédienne Marie Babin ainsi que huit autres personnes seront elles, attrapées et exécutées quelques mois plus tard.

Le château de Bagnolet à la grande époque. Gravure exposée au pavillon de l'Ermitage. Photo: PHB/LSDP

Le château de Bagnolet à la grande époque. Gravure exposée au pavillon de l’Ermitage. Photo: PHB/LSDP

Par la suite, de changements de propriétaires en destructions partielles, il ne restera pratiquement plus rien que ce dernier pavillon actuellement rattaché au Bureau d’aide sociale de la ville de Paris, solidaire avec l’hôpital Debrousse toujours en activité.

L’association qui entretient les lieux et les fait visiter moyennant un modeste prix d’entrée de trois euros, n’a pas été prévenue de la remise en question des conventions d’occupation qui courent jusqu’en 2016 pour la vingtaine d’édifices concernés. Julien Bargeton, adjoint à la maire de Paris chargé des finances, souhaite que d’autres idées que la restauration soient formulées sur le site Paris.fr et suggère des « actions d’économie sociale et solidaire, entreprises d’insertion, fermes urbaines… » (1) soit, il faut bien le dire, les tartes à la crème habituelles qui constituent le politiquement correct de la mandature en cours. Il n’est pas sûr qu’une réinstallation d’un jeu de biribi entrerait dans ce cadre « correct » mais ce serait amusant.

Depuis le projet de bétonnage d’un stade tennistique dans le jardin des Serres d’Auteuil, on sait que Paris, selon la maire, ne doit ni s’endormir dans le « formol » ni se complaire dans « l’entre-soi ». Cela dit, il est peu probable, compte tenu de la configuration des lieux, que l’on ait à craindre une initiative aussi radicale que dans les jardins d’Auteuil. Par prudence, il est néanmoins recommandé d’aller s’y détendre sans attendre et de visiter surtout cette aimable relique qu’est le pavillon de l’Ermitage, toujours dans son jus d’origine.

PHB

(1) Edition du Parisien du 24 septembre

L’Ermitage et l’Association des amis de l’Ermitage. L’association, créée en 2001, a pour but de mettre en valeur et d’ouvrir le pavillon, dernier élément du parc du château de Bagnolet et unique folie parisienne de style Régence.

L’Ermitage, à l’angle de la rue des Balkans et de la rue de Bagolet, est ouvert au public depuis le 11 février 2005. Visites du jeudi au dimanche à partir de 14 heures.

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Une réponse à Le pavillon de l’Ermitage attend sa nouvelle feuille de route

  1. MAUREL Frédéric dit :

    Hier (dimanche 27/9), entre 15h00 et 16h00, il était également possible, sans supplément de tarif, d’écouter, dans le cadre du dernier « Festival Saint-Blaise » (qui s’arrête, faute de soutien(s)) et dans ce même lieu, un récital de lieder de Schumann accompagné au piano / une vingtaine de personnes aux aguets de ce qui se fait dans le quartier ont ainsi pu bénéficier de ce privilège / FML

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