Il court, il court, le furet…

vignette« Belles Familles », le huitième long-métrage de Jean-Paul Rappeneau, sort sur les écrans ce mercredi 14 octobre. Cette sortie est un événement en soi. Tout d’abord, le « Terrence Malick du cinéma français » comme il se nomme lui-même non sans humour, perfectionniste à l’extrême, aime prendre son temps pour faire ses films et quelques années s’écoulent donc entre chaque réalisation, la dernière remontant à 2003 avec le truculent « Bon Voyage ». Par ailleurs, chacun de ses films est un petit bijou de cinéma à la mécanique bien huilée et à l’interprétation exceptionnelle. « Belles Familles », que certains chanceux ont pu découvrir lors du Festival du film francophone d’Angoulême ou du Festival international du Film de Toronto, ne déroge pas à la règle.

Le cinéma de Jean-Paul Rappeneau n’est pas de tout repos, c’est le moins que l’on puisse dire. « Belles Familles » est une course folle entre Shanghai, Paris, Londres et une petite ville de province française. Il y est également question de Zanzibar. Jérôme Varenne, alias Mathieu Amalric, vit à Shanghai. Profitant d’un voyage d’affaires en Europe, il s’arrête une nuit à Paris pour voir sa mère ( Nicole Garcia ) et son frère (Guillaume de Tonquédec ). Apprenant que l’ancienne demeure familiale est au cœur d’un conflit qui n’en finit pas, il décide de retarder son départ pour Londres de quelques heures pour tenter de résoudre l’affaire. Mais une fois sur place, tout se complique et prend des proportions inattendues. Nous n’en dirons pas plus afin de préserver l’intrigue. Le film parle de maison, de secret, d’affaires de famille… et d’amour bien évidemment. On rit, on pleure, on sursaute, on s’émeut… Vous l’aurez compris, on sort de ce film euphorisant, épuisé et heureux, revigoré et ravi.

Le cinéaste est un directeur d’acteurs hors pair on le sait et, une fois de plus, la distribution est éblouissante : Mathieu Amalric – touchant et séduisant comme jamais –, Marine Vacth – bien plus que « belle et jolie » –, Gilles Lellouche, Nicole Garcia, Karin Viard, Guillaume de Tonquédec, André Dussolier, Claude Perron – hilarante –… Il faudrait tous les citer.

Pour cette histoire de famille, le réalisateur a également fait appel à sa propre famille, à ses fils : Julien en tant que co-scénariste et Martin pour la musique. Saluons-les pour leur belle collaboration.

A quatre-vingt trois ans, Jean-Paul Rappeneau n’a rien perdu de son énergie débordante. Les portes claquent et les répliques fusent. Le mouvement et le rythme semblent décidément être la clef de voûte de toute son œuvre.

Souvenez-vous : Catherine Deneuve et Philippe Noiret sortant de leur torpeur de châtelains pour venir en aide à la résistance et changer le cours de leur existence dans « La vie de château » ( 1966 ), Jean-Paul Belmondo et Marlène Jobert n’en finissant pas de se quereller et de se poursuivre dans « Les mariés de l’an II » ( 1971 ), Catherine Deneuve faisant irruption dans la vie paisible d’Yves Montand et leurs folles courses-poursuites sur une île paradisiaque dans « Le Sauvage » ( 1975 ), Isabelle Adjani courant au secours de son aventurier de père dans « Tout feu tout flamme » ( 1982 ), Gérard Depardieu maniant le verbe avec fougue dans « Cyrano de Bergerac » ( 1990 ), Olivier Martinez, hussard intrépide, courant dans les rues, sur les toits, caracolant à travers une Provence ravagée par le choléra dans « Le Hussard sur le toit » ( 1995 )  et l’exode à Bordeaux d’une belle pléiade de personnages hauts en couleurs dans « Bon Voyage » ( 2003 ). « Belles Familles » est de la même trempe. Alors, si vous nous permettez un conseil d’ami : courez-y !

Isabelle Fauvel

Photo: PHB/LSDP

Photo: PHB/LSDP

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