L’art contemporain à la fête au Pavillon de l’Arsenal

Détail d'une oeuvre de Daniel Buren exposée au Pavillon de l'Arsenal. photo: PHB/LSDPDans cette œuvre de Daniel Buren exposée depuis le 16 octobre au Pavillon de l’Arsenal se niche la signature de l’artiste. Chaque rangée de vitraux est en effet longitudinalement soulignée d’une juxtaposition de motifs noirs et blancs qui rappellent les fameuses colonnes, sises dans les jardins du Palais Royal. Pour la première fois le Pavillon de l’Arsenal accueille de l’art contemporain à travers pas moins de 56 artistes.

Pour une surprise c’est une très bonne surprise. Le choix des dessins, peintures, photos, installations diverses est génialement éclectique sans être fourre-tout. Nous sommes là devant de l’excellente matière, disposée avec science et même avec goût. Cette affaire présentée comme un « archipel d’œuvres passé au filtre des problématiques architecturales » vaut aussi par sa disposition générale. L’ordonnancement scénographique est impeccable.

Ce n’est pas la plus spectaculaire mais c’est une pièce parmi les plus attachantes. Il s’agit d’une vue pour le moins originale de la place de la Concorde revue et corrigée sur papier à la peinture, à l’encre et au crayon. L’artiste s’appelle Larissa Fassier.

Œuvre de Larissa Fassier au pavillon de l'arsenal. Photo: PHB/LSDP

Œuvre de Larissa Fassier. Photo: PHB/LSDP

Cela pourrait être une de ces choses que l’on griffonne machinalement tout en parlant au téléphone ou encore lorsque l’on s’ennuie en réunion dans le plus pur style automatique cher à Breton. Le pinceau, la plume et le crayon ont multiplié les tours de piste, donnant à cette place de la Concorde, un genre de plan vu du ciel très très inspiré. Avant de quitter le pavillon on y retournera une dernière fois s’en rassasier les yeux.

Le sans-titre mais avec titre puisqu’il est intitulé « Untitled (World Interior with Figure – Elemental Interior with Pieces » nous interpelle plus vivement avec ce magnifique jaune nuancé de traces sombres et strié de figures géométriques tenant de l’épure architecturale.

Œuvre de Matt Mullican. Photo: PHB/LSDP

Œuvre de Matt Mullican. Photo: PHB/LSDP

Ce tableau est signé Matt Mullican et son travail aurait été fait non seulement sous hypnose mais avec l’aide d’un double nommé « That Person ». Déconcertant, non ? Il est dit que cette œuvre est à prendre comme un « espace habitable avec un code de langage organisé à partir de formes et de couleurs, qui compose une cosmologie ». Le genre de chose que l’on ramène chez soi avec l’effet, bien connu des ophtalmos, sous le nom de persistance rétinienne. Dufy voyait la vie en rose, Mullican c’est le jaune-orangé. Mais on marche dans la combine.

Tout en tournant sur ce premier plateau et même en y retournant plusieurs fois sur nos pas au risque d’avoir oublié quelque chose mais aussi pour le plaisir d’y revoir à deux fois, un crissement nous interpelle à intervalles régulier conduisant au phénomène bien connu de l’oto-rhino-laryngologie: la persistance auditive. Mais c’est à l’étage au-dessus que se tient l’explication depuis une œuvre, entre épatante et géniale, de Alexandre Périgot. Il s’agit d’un échafaudage tubulaire garni de perspectives intérieures et qui surtout, oscille sur ses bases, enclenchant le fameux crissement que l’on perçoit depuis le niveau du dessous. Fascinant. Il ne l’a peut être pas réalisée sous hypnose mais son œuvre fluctuante, à dimensions littéralement variables, engage notre curiosité jusqu’aux frontières de l’envoûtement. C’est l’enjôlement du mouvement qui nous tient là quelque peu stupéfaits par la trouvaille.

Il y a encore beaucoup de très bonnes choses à voir mais comme cette chronique n’a pas la prétention ni la vocation d’un bottin exhaustif, amis lecteurs allez voir sur place.

PHB

Détail de l'installation d'Alexandre Périgot. "La Maison du Fada". Photo: PHB/LSDP

Détail de l’installation d’Alexandre Périgot. « La Maison du Fada ». Photo: PHB/LSDP

Jusqu’au 17 janvier 2016 au Pavillon de l’Arsenal

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