Cologne (Allemagne), Kölsch et Kultur dans une ambiance conviviale

Pour les amoureux de musées et d’églises, Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) à 3h20 de Paris en train direct, mérite quelques jours de visite. Et, si son architecture manque parfois d’harmonie, ses habitants cordiaux et ses cafés et brasseries conviviaux lui redonnent tout son lustre. Rappelons à son défendant que la ville a été détruite à 95 % au cours de la Seconde guerre mondiale. En arrivant à Cologne, le train traverse un beau pont à arcs métalliques, le pont Hohenzollern, reconstruit en 1959 (ci-contre). Bâti en 1910, il avait miraculeusement échappé aux bombardements alliés, mais a dû être implosé par les Allemands pour empêcher les alliés de traverser le Rhin. Et dès la sortie de la gare la cathédrale se dresse devant nous tel un immense geyser de dentelles de pierre et de verre. C’est l’une des plus belles et des plus vastes cathédrales gothiques européennes. Qu’on en juge : longue de 144 m, large de 45, sa nef atteint 43 m de hauteur et ses tours 157 m.

De quoi résister aux 70 bombes de la Seconde guerre. Ses vitraux occupent environ 10.000 mètres carrés. Le plus ancien date de 1260 et le plus récent, réalisé par Gerhard Richter, de 2007. La première pierre de la cathédrale -érigée pour accueillir les reliques des rois mages- est posée en 1248 et son chœur, terminé en 1322. Au XVIe s. elle possède deux étages. Puis, les travaux s’arrêtent net faute d’argent jusqu’au milieu du XIXe s. Elle est enfin achevée en 1880. Dans le chœur, la châsse des rois mages en or et argent (XIIe – XIIIe s), d’une longueur de 2 mètres et sertie de pierres précieuses (pierres provenant du pillage de Constantinople par Othon IV lors de la Croisade de 1204) est un véritable «joyau». De même que le triptyque de Lochner (1445), grand peintre du gothique tardif allemand, qui représente les saints patrons de la ville sous les traits des plus riches bourgeois de l’époque.

Derrière la cathédrale, une vaste esplanade, bordée de bâtiments culturels contemporains, descend vers le centre historique de Cologne (ci-contre). Reconstitué, il est jalonné de magasins pour touristes mais aussi de vestiges notamment romains et de brasseries anciennes où on boit de la Kölsch, la bière locale servie par des garçons en tenue traditionnelle d’ouvrier brasseur. Jouxtant le vieux centre, la large promenade verdoyante et calme en bordure du Rhin est vraiment agréable avec ses grandes terrasses où on peut s’attabler pour contempler le fleuve.

Disséminées dans la ville, douze églises et basiliques romanes de toute beauté témoignent de l’importance de Cologne en tant que centre religieux au Moyen-Âge. C’était aussi l’une des villes les plus importantes d’Europe à cette époque. L’église Sainte-Ursule est la plus visitée. Non pas qu’elle soit la plus belle mais sa chambre d’or, qui abrite les présumées reliques de Sainte Ursule et des 11.000 vierges, est spectaculaire. Selon la légende, lors de l’invasion des Huns, Sainte-Ursule et ses 11 compagnes vierges qui ne voulaient pas renier leur foi chrétienne ont été martyrisées. La plume d’un traducteur aurait fourché quelques siècles plus tard transformant le nombre de 11 vierges en 11 000. Dans la chambre d’or, leurs présumés os et crânes, artistiquement disposés, forment des figures géométriques harmonieuses. Au sud de la ville, l’église romane Sainte-Maria im Kapitol présente elle aussi une rareté architecturale saisissante : son chœur et son transept forment un plan en trèfle.

Encore plus nombreux que ses églises romanes, les musées de Cologne présentent une grande diversité : musée du design, du chocolat, de l’art romain, l’art religieux, l’ethnographie, l’art asiatique, les Beaux-arts, l’art moderne … Et n’oublions pas le musée Farina, du nom du parfumeur qui a inventé l’eau de Cologne en 1709 ! Parmi ces derniers, le musée d’art moderne Ludwig (ci-contre), inauguré en 1986, est impressionnant tant par son architecture intérieure, lumineuse et spacieuse que par ses collections. Il abrite des pièces de pop art, des tableaux de l’avant-garde russe, de l’expressionisme et de la nouvelle objectivité allemands, des peintures abstraites, conceptuelles…. et la 3e plus importante collection de Picasso du monde. Le Musée Wallraf-Richartz qui a réouvert ses portes en 2000, présente quant à lui des collections d’art européen du 13e au début du 20e siècle dont de nombreux chefs-d’œuvre. Une mention spéciale est à décerner au musée du diocèse de Cologne, ouvert en 2007, le musée Kolumba, bâti sur les fondations de l’église Sainte-Colombe. On est tout d’abord saisi par l’architecture très épurée du suisse Peter Zumthor. Quant aux collections et expositions, elles portent sur 2000 ans de culture occidentale et marient de riches œuvres d’art sacré médiéval à des œuvres contemporaines (Beuys, Tapies, Louise Bourgeois…)

Fatigué de la culture ou du shopping dans les grandes enseignes que l’on trouve partout ? Cap sur le quartier belge, l’endroit tendance de Cologne où la « cool-titude » coule à flot : familles de bobos avec enfants en poussettes conceptuelles, commerces et friperies design, bars gay, cafés trendy, boutiques de créateurs, cuisine bio et vegan… mais aussi, plus près du centre historique, d’élégantes rues étroites avec de beaux magasins, des immeubles bourgeois et des terrasses accueillantes.

Cologne ne manque ni de diversité ni d’âme. Il faut prendre le temps de s’y promener pour apprendre à apprécier ses différents quartiers et découvrir les petits bijoux architecturaux dont elle est parsemée. Car l’Histoire a laissé des vestiges importants dans l’ancienne colonie romaine créée en 50 après Jésus Christ par l’empereur Claude à la demande de son épouse Agrippine, née dans cette ville.

Lottie Brickert

Photos: ©Lottie Brickert
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5 réponses à Cologne (Allemagne), Kölsch et Kultur dans une ambiance conviviale

  1. Jacques Ibanès dit :

    Merci pour cette très belle invitation au voyage! À noter pour les sportifs le plaisir de gravir les 500 et quelques marches de la tour de la cathédrale pour bénéficier d’une vue sur la ville …
    Concernant le bombardement de l’Allemagne, le livre de Sebald « De la destruction » (qui est la relation de quatre conférences qu’il donna avant de mourir) fait prendre conscience du traumatisme subi par le pays et expose les raisons de la chape de plomb du silence qui s’ensuivit.

  2. Claude Debon dit :

    Dans Les Soirées de Paris, une ligne sur les relations entre Apollinaire et Cologne aurait été bienvenue… Mais on ne peut tout dire, vous êtes pardonnée. C. Debon

    • Lottie dit :

      A vous de l’ajouter donc car j’ignore tout de ces relations !

      • Claude Debon dit :

        Vous trouverez l’essentiel à l’entrée Cologne du Dictionnaire Apollinaire (Champion), qui passe pudiquement sur les Onze mille verges…

  3. Raymond dit :

    Jolie présentation des richesses proposées par Cologne à ses visiteurs. Merci !
    Le traducteur de l’histoire de Sté Ursule n’aurait-il pas abusé de la Kölsch pour voir 11000 vierges dans son délire ?

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