RDV fin août

En cette fin de saison 1911, dans Paris-Journal, il était prévu pour la journée du 13 septembre, une température de 29 degrés contre 21 pour la nuit. Loin des excès de vocabulaire d’aujourd’hui, le quotidien mentionnait qu’il allait faire beau avec un orage probable. La vague de chaleur avait duré tout l’été, occasionnant on le saura plus tard, des milliers de décès. Dans les colonnes de Paris-Journal, on parlait tout de même de « canicule », afin d’expliquer les nombreux incendies qui sévissaient encore en France à la veille de l’automne. Y compris en banlieue parisienne dans le parc de Bosserons à Brunoy, où deux hectares furent « la proie des flammes ». On y faisait aussi état de la guerre et des caprices de la Bourse. À plus d’un siècle d’écart, un lecteur de 2025 parcourant ces informations, noterait quelques coïncidences instructives. Mais sur deux colonnes à la une, le sujet central était la libération de Guillaume Apollinaire, injustement incarcéré à la prison de la Santé, vu « l’inanité des charges invoquées » contre lui, soit le vol de deux statuettes au Louvre et par extension baroque, celui de la « Joconde ». En page deux et sur trois colonnes cette fois, il était raconté en détail son interrogatoire par un juge.

Apollinaire était déjà quelqu’un à son entrée en cellule, il le fut encore plus à sa sortie de prison où après son audition, il était retourné en taxi pour sa levée d’écrou. La presse l’y attendait ainsi que son frère Albert, « tremblant d’émotion ». Il y avait là de quoi réconforter le poète qui par ailleurs, n’était pas au mieux dans sa vie sentimentale. C’est ainsi que ses amis se liguèrent pour lui changer les idées en favorisant le lancement des Soirées de Paris quelques mois plus tard.

Cette édition du 13 septembre comportait en outre, afin de faire un compte rond et après les faits-divers, un conte de Guillaume Apollinaire intitulé « La favorite ». Qui devait être suivi plus tard, d’une nouvelle signée de l’académicien Anatole France, ce que croyait pouvoir annoncer en dernière page, la rédaction de Paris-Journal.

Laquelle dernière page, juste au-dessus des cours de Bourse, publiait deux publicités. L’une vantait la salsepareille rouge dont la première qualité sanitaire était de « faire vieillir moins vite », l’autre faisant la promotion d’un internat « au grand air » du côté de Saint-Germain-en-Laye. Lequel comptait naturellement, un collège pour les filles et l’autre pour les garçons.

Du grand air, de doux délices, voilà ce que nous souhaitons aux lecteurs des Soirées de Paris. Nous nous retrouverons à la fin du mois d’août. À la suite sans doute d’une longue vague de beau temps.

PHB

Source images: ©Gallica

 

N'hésitez pas à partager
Ce contenu a été publié dans Anecdotique, Apollinaire. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.