Lagarce for ever…

Pas une saison ne se passe sans que plusieurs théâtres (1) affichent une pièce de Lagarce. Un peu comme Shakespeare ou Tchekhov… Jean-Luc Lagarce (1957-1995), un des auteurs contemporains les plus joués en France, est devenu, après sa mort, un classique du XXème siècle et on s’en va découvrir une énième version de “Juste la fin du monde” comme on part assister à une nouvelle mise en scène d’“Oncle Vania”, le cœur léger et impatient. Des retrouvailles que l’on espère heureuses. Voici donc que la pièce se trouve concomitamment à l’affiche de deux petites salles parisiennes, le Studio Hébertot et Les Déchargeurs. C’est la version qui se joue dans ce deuxième théâtre, mise en scène par Terry Misseraoui, que nous allons vous évoquer. Continuer la lecture

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Le Reichsparteitagsgelände, le passé sombre de Nuremberg

Nuremberg (500 000 habitants) est la seconde ville de Bavière après Munich. Pôle industriel important, elle a été à la tête de la révolution industrielle en Allemagne au XIXe siècle. Presque entièrement détruite par les bombardements alliés en 1945, la ville a été reconstruite à l’identique. Aujourd’hui, malgré son passé sombre, Nuremberg est souriante avec son vieux centre médiéval, ses belles églises gothiques, son château, et ses terrasses ensoleillées le long de la rivière Pegnitz. Et si la ville abrite de nombreux musées dignes d’intérêt il serait dommage de faire l’impasse sur le centre de documentation du Reichsparteitagsgelände (site du congrès annuel du parti national-socialiste, ci-dessus). Continuer la lecture

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Guillaume Apollinaire de rue en rue

Qui sont-ils ceux de la plume qui jettent des mots si sauvages  que l’on peine à les attraper ; qui sont-ils ceux du pinceau qui peignent des choses que l’on ne voit pas : ou ceux de la note qui vous surprend par surprise. Difficile de raconter une histoire des arts ou de la littérature et plus d’un s’y est noyé en plongeant au plus profond de l’un de leurs rêves éthyliques. Nous marchons, Philippe Bonnet et moi, et, au loin, solidement amarrée, l’Ile-Saint-Louis. Je le suis, à moins que ce soit son livre (*) qui , en compagnie de Guillaume Apollinaire, me sert de guide dans les rues de Paris. Continuer la lecture

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Renaissance éternelle à Langres

«Il y a là les glacis, les bastions et les chemins couverts et aussi le dépouillement, la netteté, l’austérité de lignes d’une forteresse centrale naturelle, d’un Verdun qui n’aurait pas rencontré son destin.(…) Une cité marquée de façon si éclatante pour l’histoire et que l’histoire a dédaignée.» Julien Gracq Carnets du Grand Chemin.
À l’instar du fort Bastiani évoqué par Dino Buzzati dans «Le désert des tartares», aucune invasion ne viendra jamais troubler la tranquillité des lieux sauf celle plus récente de constructions nouvelles susceptibles de rompre la magie architecturale de la ville de Langres où les «maisons bourgeoises», les «petits palais urbains» et les «hôtels particuliers» des riches notables de la Renaissance rivalisent toujours d’élégance et de modernité. Continuer la lecture

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Mai 68 en images et en expos

Alors que l’on commémore cette année le cinquantenaire de mai 68, les expositions sur le sujet pullulent. Les musées, les galeries, les mairies d’arrondissement… chacun y va de son mai 68. A noter trois expositions passionnantes et complémentaires : “Icônes de mai 68 Les images ont une histoire” à la BnF François-Mitterrand, “Gilles Caron Paris 1968” à l’Hôtel de Ville et “68, Les archives du pouvoir” aux Archives nationales. C’est l’occasion rêvée pour de nouvelles générations de découvrir un passé pas si lointain et d’approfondir une page de notre histoire. Continuer la lecture

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« L’oiseau vert » bat de l’aile

Nous étions décidés à nous laisser ravir par ce conte vénitien écrit par Carlo Gozzi au XVIIIe siècle. La critique dithyrambique depuis sa première création à Toulouse il y a quatre ans, la présence de Laurent Pelly à la mise en scène : tout était de fort bon augure pour nous.
Et dès le début du spectacle, le décor magnifique de Pelly nous conforte dans notre heureux pressentiment. Pourtant, un mauvais sort, sans doute jeté par la méchante reine des tarots, nous brouille la vue et nous empêche d’apprécier le jeu des comédiens et la force des sentiments. On voit le jeu, on voit le sur-jeu et jusqu’au cabotinage sous la beauté des tissus et le faste des décors. Continuer la lecture

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Acrostiches de charme

Lorsqu’il séjourne à Stavelot, charmante bourgade de Wallonie, Guillaume Apollinaire n’a que 19 ans. Sa mère qui est partie brûler ses économies au casino de Spa l’a laissé seul en compagnie de son frère dans une pension de famille (ci-contre). Durant ces deux mois de l’été 1899, le jeune homme combine habilement ses pulsations amoureuses avec des essais poétiques dont il fait un instrument de séduction. Il y écrit nombre d’acrostiches c’est à dire des poèmes qui peuvent se lire longitudinalement et surtout verticalement avec la première lettre de chaque vers. Cette construction particulière lui permetde flatter les cœurs à prendre qui circulent aux alentours. Continuer la lecture

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Régis Debray raconté par sa fille

À l’heure où paraît chez Gallimard un nouvel ouvrage du philosophe et prolifique écrivain Régis Debray, “Bilan de faillite”, dans lequel le médiologue de soixante-dix-sept ans dresse à son fils adolescent, sous l’apparence de simples conseils d’orientation professionnelle, un état du monde et les moyens d’y vivre, il nous semble intéressant de nous pencher d’un peu plus près sur le personnage. Auteur de plus de soixante-dix livres, grand habitué des plateaux de télévision, studios de radio et salles de conférence, Régis Debray compte parmi les figures les plus marquantes et familières de notre paysage intellectuel. Son parcours hors du commun n’a fait que renforcer son aura et susciter la curiosité. Il y a quelques mois, avec “Fille de révolutionnaires”, sa fille Laurence, nous livrait, sur fond de cinquante années d’histoire politique, un portrait critique et non moins extrêmement attachant de son père. Continuer la lecture

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La machine

Ce qui l’avait d’abord frappé c’était le petit dôme rouge. De loin on aurait dit un élément de plomberie mais de près, cela ressemblait davantage à une sorte de temple asiatique avec une fenêtre éclairée à son faîte. Vincent tournait autour de la machine avec une circonspection mêlée d’une curiosité irrépressible. À distance, comptant le contenu de sa caisse, le vendeur restait impassible. On n’aurait su dire quelle sorte de magasin était-ce. Et Vincent en avait franchi l’huis, encouragé par une main invisible. Continuer la lecture

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Philip Roth, bien loin de ses étiquettes

Un géant de la littérature américaine vient de s’éteindre à 85 ans le 22 mai, un écrivain dans la lignée des Saul Bellow ou Bernard Malamud (génération précédente), se réclamant volontiers de Henry James, Franz Kafka ou Tchekhov.
Il est étonnant de penser à quel point il a eu des problèmes avec les Américains dès ses débuts, que ce soit lors de la parution de son premier livre, « Goodbye Colombus » (1959), puis avec «Portnoy et son complexe» (1969), très mal reçu par la communauté juive qui ne comprend pas la plaisanterie et le désigne à la vindicte comme «un mauvais juif», un «juif anti juif», etc. Continuer la lecture

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