Flaubert Mutualité

Elle lui écrit qu’il est un homme étrange « qui ne peut jamais désirer ce qu’il aime, ni aimer ce qu’il désire ». Dans sa lettre on sent bien Louise Colet passablement exaspérée de l’absence de son amant Gustave Flaubert. Alors que, et ce recueil de lettres à Flaubert qui vient de paraître ne le dit pas, il ne l’entretient que des avancées techniques de son travail d’écriture. Certes parfois ils coupent la route en deux. Ils se retrouvent alors à Mantes à l’Hôtel du Grand Cerf à mi-chemin entre Paris et Croisset. Et elle de citer Bérénice tout à son impatience: « Ne donne point un cœur, qu’on ne peut recevoir. » Louise Colet est la poétesse infortunée et lui le laborieux et par trop lointain écrivain. Continuer la lecture

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Saint-Omer loves Shakespeare

« Juliette – (…) Je vais baiser tes lèvres. Peut-être y reste suspendue une goutte, Cordial qui suffirait à me donner la mort. » Roméo et Juliette. Le 25 novembre 2014, l’annonce officielle de la découverte de l’ultime « First Folio » connu dans les fonds patrimoniaux de la bibliothèque du Pays de Saint-Omer, suscite un intérêt dans le monde entier. Il s’agit du 233e exemplaire de la première édition in-folio du théâtre complet de William Shakespeare, imprimée à Londres en 1623 et d’une très grande valeur à la fois intellectuelle et pécuniaire. Continuer la lecture

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Une vie d’artiste

“ C’est de là que naissent les pièces. Des acteurs. De ce rêve nocturne que l’on fait chaque soir avant de tomber de fatigue. On s’endort avec ces voix. On dort avec ces corps. On réécrit avec eux dans notre sommeil. On se donne rendez-vous dans notre sommeil. C’est fantastique. C’est fantastique. On n’arrête jamais. On recommence. C’est l’amour absolu de l’art du théâtre avec eux. On veut. On les veut tous. C’est comme ça que Une vie est née. (…)” Ainsi l’auteur Pascal Rambert explique-t-il la genèse de sa pièce “Une vie”, écrite tout spécialement pour six acteurs du Français – et un enfant –, qui se joue actuellement à la Comédie-Française, dans la salle du Vieux-Colombier, et dont il signe également la mise en scène et la scénographie. Continuer la lecture

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« L’amant double »: une histoire cousue avec une paire de fils blancs

Afin de nous mettre finement sur la piste, de nous conditionner en douceur, François Ozon attaque dès le générique, au début de son dernier film. Le titre « L’amant double », profite d’une ombre portée. Ce qui fait qu’on le voit deux fois, de même que le nom du réalisateur, juste après. Il nous met ainsi une main (lourde) sur l’épaule pour bien appuyer la proposition cinématographique qui va suivre. Autant le dire tout de suite, ce n’est pas la meilleure. Continuer la lecture

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Styles emmêlés au MAC VAL

Afin de mettre en scène l’idée migratoire avec ce que cela peut comporter de notions d’accueil, d’hospitalité, d’acceptation sociale, Kimsooja a procédé à toute une superposition de baluchons colorés et s’en est allée lentement, très lentement, assise sur le faîte de sa remorque, depuis la banlieue sud jusqu’à l’église Saint-Bernard dans le 18e arrondissement parisien. On la voit sur une vidéo évoluer de dos, chaloupant dans une sorte de valse lente, elle remonte les rues en suscitant l’étonnement des passants. Cette performance d’une artiste sud-coréenne s’inscrit dans une exposition collective sise au Mac Val (Val de Marne) jusqu’au 3 septembre. Continuer la lecture

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Les derniers îlots déserts de Paris

L’été, il prend l’allure d’un champ de blé jauni. Ses quelques arbres verts apportent une ombre bienvenue. Personne n’y va. Il n’y a pas d’ailleurs  de passage protégé qui permettrait la traversée. Un vieux panneau indicateur mentionne la proximité de la Porte de Versailles. C’est un îlot désert, un rond-point inhabité, une surface vierge dont personne ne rêve, à deux pas du métro et du Palais des Expositions. Et ils sont quelques uns comme ça à Paris, sans identité, sans statut. Des surfaces perdues. Continuer la lecture

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Les alphabets de Fernand Léger au Centre Pompidou Metz

Ce n’est peut-être pas la pièce maîtresse de l’exposition mais cette « Nature morte » aurait pu servir d’enseigne au peintre Fernand Léger s’il avait eu pignon sur rue. Sa façon géométrique d’occuper la surface à peindre, son choix des couleurs, les trois lettres de l’alphabet, cet indéniable esprit de modernité qui ressort de la toile enfin, font qu’on la retient comme un point de repère au sein des cinq décennies de création de l’artiste présentées au Centre Pompidou Metz jusqu’au 30 octobre. Continuer la lecture

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Le centre portugais de la photographie : un secret bien gardé

Sur la place Amor de Perdição (Amour de perdition) de Porto on ne peut manquer un grand bâtiment austère à l’aspect solide qui jure avec le nom glamour de cette place. C’est pourtant bien ce bâtiment lugubre qui lui a donné son nom. Amor de Perdição est le titre d’un ouvrage légendaire du grand écrivain portugais, Camilo Castelo Branco (1825-1890). Il a été emprisonné pour adultère dans une cellule de cette ancienne prison et cour d’appel, en 1860. Il y a écrit en quinze jours son livre culte, objet de nombreuses adaptations contemporaines dont le film éponyme de Manoel de Oliveira en 1979. Continuer la lecture

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L’adieu au musée Dapper

Comme un livre de condoléances. A quelques jours de la fermeture définitive du musée Dapper, celui-là est rempli jusqu’au bout de mots de sympathie, tels ces « élèves de Coulommiers ». C’est triste un musée qui ferme et voilà une histoire qui nous rappelle une fois de plus la beauté et la cruauté du provisoire. Zut alors. Cette concentration de masques porteurs de significations inhabituelles pour nous occidentaux va diablement nous manquer. Continuer la lecture

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Un tableau blanc et une amitié en déliquescence

“ Mon ami Serge a acheté un tableau. C’est une toile d’environ un mètre soixante sur un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins liserés blancs transversaux. ” Ces phrases d’ouverture, désormais célèbres, de la pièce “Art” de Yasmina Reza, ont fait le tour du monde dans plus d’une trentaine de langues différentes. Aujourd’hui le collectif flamand tg STAN et le collectif néerlandais Dood Paard s’emparent avec gourmandise de ce texte culte. Un spectacle à découvrir à Paris, au Théâtre de la Bastille, à partir du 2 juin. Continuer la lecture

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