Aménagement intérieur au Théâtre La Bruyère

Entre une Porte (de douche en l’occurrence) pleine de fraîcheur et un mystérieux escalier de 39 Marches, le Théâtre La Bruyère joue l’architecte d’intérieur. Les plans nous ont séduits.

Logique, entrons par La Porte, un «choc ces cultures» amical et prétexte à la farce. Côté cour, le théâtre public, dont on se moque gentiment. Côté jardin, le théâtre privé, qui joue à domicile au Théâtre La Bruyère jusqu’au 28 mai.

La Porte nous présente en effet les mésaventures d’une comédienne «au parcours prestigieux, amoureuse des -grands textes- et surtout d’elle-même». Tout le monde suit ?

Cette comédienne est le théâtre public, fier et arrogant. Et surtout, ridicule. Naturellement, car on lui impose un partenaire de dernière heure, un spécialiste en farce et attrapes venu de Pôle Emploi, au passé de comédien plus qu’incertain. Tout le monde suit ? Ce niais est le théâtre privé. On s’en moque et finalement il nous donne la leçon. Entre eux deux, un metteur en scène à bout de nerfs qui perdra les commandes d’une pièce dans la pièce qui part en vrille.

"La Porte" au Théâtre La Bruyère. Photo: Lot

Le sous-titre de la pièce déjà, « die Tür », renvoie à cette rivalité (réelle, fantasmée, cruelle, douce, au choix) entre théâtres privés et publics, en évoquant le côté supposé sans fantaisie de la culture d’outre-Rhin. Bon. C’est souvent drôle, tout de même, ce n’est pas un essai philosophique sur le rôle du spectacle vivant, ses moyens, et tutti quanti. On y vient passer une bonne soirée, et c’est réussi. L’opposition des deux théâtres est un fil rouge subliminal, une fois dans la salle rassurez-vous les pitreries sur scène suffiront à occuper votre esprit léger.

Car les trois comédiens sont convaincants et nous embarquent dans l’aventure. Antoine Séguin, particulièrement en grand dadais, en fait des tonnes. Il est sur tous les fronts, comédien sautillant, donc, mais aussi auteur et metteur en scène.

La Porte est un spectacle plaisant, l’occasion de passer une douce soirée à l’ombre de la statue de Gavarni qui trône au milieu de la Place Saint-Georges … mais il ne sera pas le spectacle de l’année, pour la simple et bonne raison de la suite des événements rue La Bruyère. Un plaisir ne venant jamais seul en effet en riant, le Théâtre La Bruyère a la brillante idée de mettre de nouveau à l’affiche les tourbillonnantes 39 Marches. Un spectacle aux deux Molières 2010 (Pièce comique et adaptateur, récompenses assurément méritées) d’Eric Métayer, d’après bien sûr John Buchan et Alfred Hitchcock. Il faudra tout de même patienter jusqu’au 30 septembre prochain. Ces 39 Marches sont un bolide de théâtre, lancé à 100 (miles) à l’heure, truffé de mille astuces de mise en scène et servi avec brio par quatre comédiens, dont le metteur en scène Eric Métayer, qui incarnent quelque 150 personnages. Une valeur sûre pour la prochaine saison, nous en avions déjà causé . La directrice du Théâtre La Bruyère, Marguerite Gourgue, nous a précisé que le spectacle a été joué 361 fois rue La Bruyère, et 62 fois en tournée et festivals. Mazette.

La Porte, au Théâtre La Bruyère Jusqu’au 28 mai

Les 39 Marches, à partir du 30 septembre

"Les 39 marches" à partir du 30 septembre. Photo: Lot

 

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