Calouste Gulbenkian, l’exposition fantôme

Pour visiter l’hôtel parisien ayant appartenu à Calouste Gulbelkian, il faudrait se faire accompagner par Frédéric Mitterrand et surtout profiter de sa voix qui fait référence dans la mémoire collective lorsqu’il s’agit de narrer la vie des grands de ce monde. Cela enrichirait quelque peu cette exposition à première vue indigente.

L’exposition a été baptisée «Mémoires d’un lieu» et, autant le dire tout de suite ce n’est pas faux, tant la visite de  l’hôtel particulier du 51 avenue d’Iéna s’apparente à celle d’une maison hantée. Calouste Gulbenkian a bien vécu là à partir de 1922. Seul son fantôme est vraiment perceptible et ce n’est pas une formule. Comme tout est parti à Lisbonne, son mobilier et surtout sa collection d’art officiellement extraordinaire, l’esprit de ce grand milliardaire à l’échelle d’un Howard Hugues, flotte à son aise dans ces grands locaux aristocratiques désertés par la vie.

Les volets du 51 avenue d’Iéna sont clos mais il paraît que c’était tout le temps le cas. La bibliothèque toujours en activité bénéficie elle de la lumière du jour. Son déménagement hors des lieux est néanmoins prévu pour bientôt. Drôle d’idée quand même que de faire visiter un endroit désert. Les organisateurs de l’exposition ont fait pourtant au mieux. Le parcours du milliardaire, étalé en détail sur de larges panneaux depuis sa naissance en Arménie en 1869 jusqu’à sa mort à Lisbonne 1955, meuble à peine l’espace vacant.

Il est vrai que l’on situe mieux la magnificence qui devait régner (et perdure un peu) en ces lieux à la lumière d’un curriculum totalement hors du commun. Son père lui avait donné pour viatique de ne pas scruter le ciel mais de regarder le sol.  Moyennant quoi il a fait rapidement fortune avec le pétrole irakien dont il est devenu propriétaire à 5%. Son poids, son entregent, son flair étaient tels qu’à titre d’exemple la notice Wikipédia précise que jamais les allemands, pendant l’Occupation, ne se permirent de pénétrer dans l’hôtel de l’avenue d’Iéna.

Mais c’est en majeure partie sa collection d’art, aujourd’hui propriété de sa fondation au Portugal, qui lui vaut aujourd’hui de rester un homme célèbre. Il en achetait tant que faute de place dans ses propriétés il dut en prêter à des musées. Quelques pièces sont encore là mais si peu nombreuses qu’on les dirait oubliées par les déménageurs. Seuls les amateurs d’histoire et de fantômes ne devraient pas être déçus par la visite du 51 avenue d’Iéna. Il y a cette atmosphère particulière étrangement sans doute retenue par les volets clos.

Quelle exposition bizarre encore une fois ! Le clou de l’insolite étant la photo de l’escalier monumental exposée… à côté de l’escalier monumental. Où encore cette pièce avec ses nappes vierges qui semble attendre un cocktail qui ne vient pas. On se serait cru dans «Un papillon sur l’épaule» ce vieux film de Jacques Deray où ni l’acteur ni les spectateurs ne comprenaient ce qu’ils fichaient là.

Information sur Calouste Gulbenkian

Entrée gratuite du lundi au vendredi de 9h00  à 18h00

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Une réponse à Calouste Gulbenkian, l’exposition fantôme

  1. Arnaud dit :

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