Faisceau mortel pour Stefan Zweig

A l’aide du biographie bien documentée, l’auteur Dominique Frischer, entend démontrer à travers son livre «Autopsie d’un suicide» que la mort de Stefan Zweig au Brésil en 1942 n’est ni uniquement ni principalement dû à son hostilité au nazisme alors triomphant ni aux horreurs de la guerre mais à la conjugaison d’un tempérament maniaco-dépressif et de circonstances personnelles.

Zweig a toujours été fasciné par le suicide, celui de Kleist d’abord et que l’on retrouve aussi dans la plupart de ses romans où le suicide  tient une place éminente ou encore dans sa correspondance avec Freud.

Cette tendance a été exacerbée par le concours de diverses circonstances : l’impossibilité d’écrire en allemand, langue interdite dans les pays alliés en guerre, la difficulté de vivre entre deux femmes, la première à laquelle il reste attaché, la seconde dont il avait cru que la jeunesse lui faciliterait son vieillissement et qui se révèle un fardeau, aimant certes, mais fardeau tout de même, et enfin le mauvais accueil du Brésil lors de son deuxième et dernier séjour. Par là-dessus, la contradiction entre une Allemagne admirée par cet Autrichien qui en aime follement la langue et Hitler dont il perçoit tardivement le danger, achève de déséquilibrer Zweig.

Bref, le grand intellectuel n’est aussi qu’un homme ordinaire. Doit-on pour autant le mépriser ou le condamner ? Rappelons-nous la réponse de Daniel Barenboïm, interrogé sur l’attitude de Furtwängler qui continue de diriger l’orchestre de Berlin sous le IIIème Reich : «à sa place, je ne sais pas ce que j’aurais fait».

Jacques Bonnet

"Autopsie d'un suicide". Photo: Les Soirées de Paris

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