Alors qu’il se trouve désormais dans le «club des octos» comme il le dit lui-même, Daniel Filipacchi vient de livrer ses souvenirs en fragments chez l’éditeur XO, dans un ouvrage paresseusement titré «Ceci n’est pas une autobiographie». Il a tapé son manuscrit sur un iPad depuis New York et, plutôt mal tapé, puisqu’il précise ne pas l’avoir fait dans une «langue très choisie». C’est le moins que l’on puisse dire et pourtan le personnage qui se présente entre les lignes comme quelqu’un de cynique et sans scrupules ne manque pas d’intérêt. Il appartient à une époque où l’on créait des journaux, des émissions de radio ou des maisons de disques, avec la même facilité qu’aujourd’hui on ouvre des sites Internet. Le nom de Filipacchi est associé à l’histoire de grandes marques comme Lui, Paris Match, Europe 1, Salut Les Copains, et attaché à des gens comme Jean-Luc Lagardère, Frank Ténot, Roger Thérond, patronymes ayant contribué à des aventures de presse plus ou moins légendaires. Il est lié enfin par ses rencontres ou ses recrutements à une multitude de gens célèbres (ou devenus célèbres grâce à lui), qu’ils soient artistes ou personnalités politiques. On peut donc faire l’effort de tolérer à l’avance un usage abusif du passé simple et d’expressions toutes faites dont il revendique par ailleurs l’emploi, et acheter son livre. Car l’ouvrage contient des découvertes. Ce qui est normal pour un homme qui ne s’épanchait pas sur sa vie et évitait les plateaux télévisés.
Son enfance et sa jeunesse démarrent logiquement cette autobiographie en forme de club sandwich avec ses histoires superposées. Sauf posture de défense, sa vision de l’existence ressort d’emblée comme dépourvue de morale. Lorsqu’il déclare par exemple qu’il n’a jamais «considéré comme une mauvaise action de coucher avec la copine d’un copain». Une forme de cynisme se dégage aussi d’une anecdote surprenante quand il raconte avoir fait la connaissance d’une patronne de maison de rendez-vous qui lui affirme que presque tout s’achète. Il mettra cette dame au défi de faire en sorte qu’une jeune femme qui se refuse à lui finisse par accepter. Moyennant finances, la transaction aura lieu, de même que le rendez-vous. Cependant, il ne passera pas à l’acte. Madame Degane, l’appelle-t-il, «pensait que la princesse Margaret était vraisemblablement monnayable», que ce n’était qu’une question de «montant». Avec son complice Frank Ténot, il lancera par la suite le magazine «Mademoiselle âge tendre» (en 1964). Ce sera un succès car presque tout se vend.
L’homme de médias qu’il était, avait du flair pour saisir les occasions et dénicher les talents, lorsque les uns ou les autres se présentaient dans son périmètre. Daniel Filipacchi a été le patron d’un groupe leader mondial de la presse magazine et qui s’est appelé un temps «Hachette Filipacchi Médias», c’est tout dire. Aujourd’hui ce même groupe s’appelle Lagardère Active et il est la propriété d’Arnaud Lagardère, fils du brillant industriel (armement, automobile, médias) qu’était son père Jean-Luc. Ce dernier avait un jour demandé à Daniel Filipacchi ce qu’il pensait de son fils Arnaud. Il lui avait répondu «je te le dirai quand tu seras mort», difficile de faire plus clair ni plus dur.
Cette autobiographie qui ne veut pas en être une raconte aussi les rencontres innombrables de l’auteur comme celles avec les présidents Truman, Auriol, Pompidou, Mitterrand ou encore dans un autre genre, Marlène Dietrich, Gabin et dans des catégories plus légères Sheila, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, France Gall, Françoise Hardy… Daniel Filipacchi préférait la presse, le cinéma ou la la musique par rapport au milieu politique dont il choisit de se méfier constamment. Grand amateur de jazz il a aussi côtoyé les plus grands noms dans un domaine moins facile et donc moins marchand. Il se présente également comme un collectionneur d’art qui a su faire de bonnes affaires notamment en achetant des œuvres surréalistes à l’époque où elles était abordables.
L’homme sensible au malheur d’autrui en revanche, transparaît rarement. Mais lorsqu’il évoque le nom de sa femme, frappée par la maladie d’Alzheimer, une blessure fugitive se fait tout de même jour, à la fin de l’ouvrage. Daniel Filipacchi a attendu plus de 80 ans pour se livrer, sans tenter d’enjoliver. Sa vie est un agenda de noms dont la profusion et l’éclectisme laissent rêveur.Dommage seulement qu’un rewriter ne soit pas venu à la rescousse de son style. Mais cette autobiographie ne relève ni du breuvage doux, ni du demi-sec. C’est du brut.
PHB
Livre de filipacchi epatant debrouillard talentueux charmeur proffessionel ecrit pragmatique vif plein d humour epatant je me suis regale et puis le JAZZ
Un type merveilleux j ai eu l occasion de lui telephoner pour une affaire j aurais prefere le rencontrer
Unevie bien menee
Je cherche à joindreDaniel Philipaki,pour proposer un tableau ancien qui pourrait être un. rembrandt il me faudrait une adresse et un numéro de téléphone .Je m’appelle Danielle Ortiz (tout le monde croyait en 1963 que c’était moi dans le générique de Salut les copains..merci de me renseigner.