Lorsque les muses tanguaient

C’était le 21 juin 2007, jour de la fête de la musique, où les pas d’un promeneur étaient guidés par l’idée d’éviter toute espèce de manifestation musicale. Chose si  difficile qu’il a fini par être happé par un son irrésistible qui s’échappait d’un bar en amont des Buttes Chaumont. De l’extérieur on ne voyait que des jupes à pois, toutes pareilles. A l’intérieur il y avait la fanfare des Muses Tanguent qui se produisait. On ne pas dire qu’elles jouaient parfaitement juste mais leur entrain était contaminant. Elles jouaient « Les petits pois ».

Le promeneur s’était donc presque introduit à l’intérieur du bar qui affichait complet et avait sorti sa petite caméra portative afin de voler un peu de cette gaieté chic et entraînante. Ce bazar musical et jubilatoire expédia le temps d’un set, tous les tourments du visiteur au diable. Il ne s’était pas attardé à cause d’une timidité constitutionnelle qui l’empêchait de profiter davantage de l’existence et de ses éventuels bienfaits.

Concert des Muses Tanguent, le 21 juin 2007. Photo: Les Soirées de Paris

Mais, la caméra bien serrée au fond de la poche, il put emporter, cette bouffée de joie dont il se promettait, une fois chez lui, de profiter en solitaire. Il marchait d’un pas vif comme si d’un coup il avait fait le plein d’énergie, le plein d’optimisme, comme si tous ses ennuis s’étaient envolés.

Il avait cherché plus tard à retrouver ces muses. Renseignements pris sur Google, il s’agissait des élèves de l’école d’architecture de Versailles, qui se produisaient ainsi, au gré d’une programmation aléatoire. Mais il ne les retrouva pas immédiatement.

Peut-être deux ans plus tard, il racontait cette histoire à l’une de ses chères amies, depuis un quai de la rive gauche. Et ce jour-là, malgré le vacarme ordinaire des rues de Paris, il dit à son amie «attends, je crois que je les entends». Il y avait là de quoi se croire pris d’un accès de fièvre tropical qui fait entendre les anges, de ces montées de température qui abusent les sens  d’une pseudo musique céleste.

Imposant à son amie le pas d’un soldat ayant à ses trousses l’armée russe, il franchit la Seine et retrouva le cercle des Muses Tanguent sur la rive droite, au bord de la Seine. Ces retrouvailles étaient pour lui miraculeuses. Et de nos jours encore, dans un coin de sa mémoire, il y a une fanfare qui joue toujours avec une force en forme de compliment perpétuel à la vie.

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4 réponses à Lorsque les muses tanguaient

  1. Bruno Sillard dit :

    J’adore l’évocation, quant à l’accompagnement musical, c’est trop court, on en redemande… mais n’est-ce pas plutôt Shah Shah des Frères Jacques?

    C’était un Shah, tait un Shah, tait un Shah,
    Un Pacha plein d’argent, Shah Persan si puissant
    Que dans son, que dans son, que dans son, son harem
    Toutes les femmes lui disaient Shah Shah Shah comme on t’aime !
    Mais malgré ses mi-mi, ses mi-mi, ses milliards,
    Le Pacha, Shah Shah Shah, avait bien le cafard,
    Des pé-pé, des pé-pé, des pétroles il était saturé…

    Les paroles? De Francis Blanche? Si quelqu’un a la réponse.

  2. Philippe Bonnet dit :

    C’est bien possible, merci pour le texte et la précision en tout cas. PHB

    • Bruno Sillard dit :

      L’auteur de Shah Shah:

      C »était Jean, était Jean, était Jean
      Constantin, Constantin…

  3. Maman muses tanguent dit :

    Que d’émotion en lisant ton texte….
    Je suis membre des Muses, et présidente. La fanfare sexy et repoussante.
    Nous avons grandi mon chaton,
    Tu peux provoquer le destin et nous voir samedi prochain (le 5 janvier) à 11h au métro Commerce…. ou sinon nous te tiendrons au courant de nos prochaines apparitions.
    Bisous
    Et oui c’était le Shah Pacha des Frères Jacques

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